# Balance ton Flint
Qui l'eût cru ? La deuxième aventure de Flint rejoint incroyablement notre actualité depuis ses lointaines sixties ? Flint contre Flint Comme le dit l'affiche du film, Flint est de retour ! Et pas...
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le 2 mars 2018
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Qui l'eût cru ?
La deuxième aventure de Flint rejoint incroyablement notre actualité depuis ses lointaines sixties ?
Comme le dit l'affiche du film, Flint est de retour ! Et pas qu'un peu ! Et en fanfare !
Dans un second volet qui défie la règle des suites, tant il ridiculise le premier film, tant il le dépasse en trouvailles et autres ingéniosités, Flint se permet tout et même le plus fou: des USA jusqu'à Moscou, c'est la folie nucléaire sur son passage !
Entre autres choses, on enlève le président, on fait accuser faussement le patron de la CIA d'agression sexuelle pour le discréditer, on le met sur écoute, on retrouve Flint sur les toits de la capitale russe assistant en secret à une réunion des grands pontes de l'URSS, on le voit sortir des affiches de propagandes et on le suit dans l'espace quelques douze ans avant que Bond ne le fasse dans Moonraker !
Sa montre-gadget toujours là, son agaçante mais jouissive perfection aussi, Flint (et d'autres personnages) révèlent un don insoupçonné pour le déguisement et chante avec ses ennemis sur un sous-titre karaoké qui fait un gros doigt d'honneur au quatrième mur !
Le Flint est fou, fou, fou, voyez vous ?
Et le monde aussi !
Puisqu'il envoie une station spatiale habitée dans l'espace et qu'un Général en profite pour l'armer d'ogives nucléaires ! Une élégante façon de montrer, comme dans le premier opus, que derrière toute entreprise humaniste peut se terrer des individus peu scrupuleux qui tirent profit de la chose pour servir leurs intérêts.
Cette fois, ce sera le Général Carter qui parvient à faire de Flint et son patron des parias les présentant comme ce qu'il est en réalité lui-même, des ennemis du monde.
Mais la part la plus intéressante de ce film réside dans les méchants idéalistes qui prennent la place du Dr Wu et ses deux comparses. Comme indiqué dans le slogan du film, "The bad guys are Girls".
Cette fois, ce sont des féministes qui entreprennent de dominer le monde. Une fois de plus, de leur point de vue, leur action est louable. Les hommes sont idiots et font n'importe quoi, ce qui explique qu'il faut donner le pouvoir aux femmes pour rétablir l'ordre mondial.
Si on retrouve tous les ingrédients du cocktail bondien - comme les femmes les plus séduisantes et les plus sexy à l'instar de la subjuguante Jean Hale (The Alfred Hitchcock hour) en cheftaine, comme les décors exotiques de l'Île de la Vierge qui sert de repaire aux femmes - le film pose néanmoins la problématique de la Guerre des sexes en évoquant les arguments de chacun des camps. Cela avant de rejoindre René Girard et d'affronter un ennemi commun qui signe son arrêt de mort en s'exclamant comme eût pu le faire un Blier: "Vous croyez tout de même pas qu'on allait obéir à une bande de rombières ?"
Il est amusant, par exemple, d'entendre les arguments de Derek Flint que l'idée d'un monde féminisé semble faire rire.
Pour lui, l'idée d'un monde gouverné par les femmes n'est pas sérieuse, les femmes n'en sont pas capables et, en acceptant qu'elles en sont capables, le moment n'est pas venu pour elles de s'imposer. De plus, l'ensemble des femmes ne sera pas forcément d'accord avec les Femmes Fatales. Il conclut en les provoquant: "Aurez-vous encore des jupons quand vous serez toute en pantalon ?"
Les femmes - ou plutôt, les féministes - ont elles aussi leurs arguments:
Leur argumentation est initiée par un vague et utopique "pourquoi pas ?" avant d'être étayée par des arguments qui, s'ils sont aussi caricaturaux et hyperboliques que ceux de Flint, ne sont pas sans intérêt et ont le mérite de mettre en relief un débat qui, aujourd'hui est encore d'actualité.
Une femme poursuit : "bon nombre de firmes et d'affaires sont en réalité dirigées par des secrétaires, des maîtresses ou des épouses": les femmes sont les égales des hommes et, d'ailleurs, en sous-main, sont déjà les maîtresses du monde.
Une autre achève en déclarant "Voyez les choses en face: les femmes vous sont supérieures ! La fortune de ce pays, celle du monde, est concentrée dans nos mains (...) Dans les laboratoires, nos réflexes sont plus vifs que les vôtres ! Notre habilité manuelle est de 20% supérieure. Et notre patience est sans borne, avouez-le !"
Puis, cet échange qui se voulait comique alors, qui, il y a peu, aurait semblé sortir de la bouche du OSS117 de Jean Dujardin, qui aujourd'hui résonne pourtant comme la morale que les adeptes de #Metoo ou #Balancetonporc voudraient donner à la Guerre des sexes initiée par elles suite à l'affaire Weinstein:
- Vous êtes un vrai Dom Juan, Monsieur Flint ! Répondez-moi franchement: comment se fait-il que vous soyez irrésistible pour les femmes ?
- C'est très simple ! C'est parce que je sais les prendre .
Flint, déjà plus respectueux à l'endroit des femmes dans le premier opus en comparaison des autres héros, serait un modèle de l'homme parfait pour les femmes. Parfait car il les comprend, s'adapte à leurs variations, sans forcer et sans ramper. Oui mais Flint, un peu comme le Prince Charmant, est un homme idéal. Il est le pendant masculin au célèbre La Femme parfaite est une connasse d'Anne-Sophie Girard, un homme dont on aime détester la perfection.
La caricature et les répliques des personnages féminins montrent bien que la réponse est ailleurs: la répétition du mot "supérieure" traduit une certaine misandrie et l'idée d'une domination du monde par une "race" genrée parfaite tient de l'eugénisme politique qui n'est pas sans rappeler l'Allemagne nazie. Ajoutez à cela l'ultime argument de Flint et la société parfaite rêvée par les Femmes Fatales devient une véritable dictature !
Car cette société détruit toute opposition par le lavage de cerveau, ce qui constitue tout le complot du film, digne source d'inspiration d'un Kingsman 2: les femmes du monde entier sont gagnées à la cause des Femmes Fatales par le biais d'un lavage de cerveau opéré dans les salons de coiffure. La moindre coloration se change en séance de propagande dissimulée !
La solution de la problématique de la Guerre des sexes, éternelle Guerre Chaude, résiderait donc dans le modus vivendi de Flint et ses drôles de Flintettes ou dans cette scène de quasi-final typique seventies:
Les femmes font tomber les armes des militaires en prenant les hommes dans leurs bras et en les embrassant: Faites l'amour, pas la guerre ! Et même dans cette scène, l'humour est au service de la réflexion du rapport entre les sexes puisqu'un militaire refuse d'être embrassé, non pas réfractaire au mouvement de paix et d'amour général, mais par fidélité envers sa femme.
Alors, à l'heure du réchauffement de la Guerre des sexes dû à la Chute du Mufle de Weinstein, il est bon de revoir ce bon vieux film de Flint: le rire et le débat tolérant de James Coburn et des Femmes Fatales contre la haine et l'invective de Rose McGowan & Consoeurs.
De nombreux articles posent la question du 007 post-Weinstein. C'est simple ! Comme dans les années 70, il devra prendre exemple sur Derek Flint.
F comme Flint !
F comme Femmes Fatales !
F comme Fou !
F comme Faites l'amour, pas la guerre !
F comme Film à voir de toute urgence !
Et nous, messieurs, tâchons d'acquérir le plus possible la sagesse de Flint, car les femmes contrôlent déjà le monde !
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Créée
le 2 mars 2018
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