Le moins que l'on puisse dire c'est que Mark Steven Johnson est un réalisateur mal-aimé voire détesté. Après avoir massacré Daredevil et Ghost Rider au cinéma, on l'avait laissé se rattraper comme il pouvait avec l'improbable comédie romantique C'était à Rome en 2010. Trois ans plus tard, le bonhomme refait parler de lui avec un thriller d'action mettant en scène deux monstres du cinéma aujourd'hui éternellement sur le retour : Robert De Niro et John Travolta. Face à Face est-il l'occasion pour eux de revenir sur le devant de la scène ? Bien sûr que non.
Je veux dire, c'était évident : le réalisateur de Ghost Rider derrière la caméra qui met en scène deux soldats de la guerre bosniaque (l'un Américain, l'autre Serbe) se mettant sur la tronche en pleine forêt avec pour rôles principaux un Papy De Niro et Je-Cabotine Travolta. Même en priant plus fort qu'une religieuse à Lourdes le film aurait quand même été un fiasco. Avant tout, la mise en scène. Mark Steven Johnson n'a aucune identité et même s'il s'inspire de Délivrance ou de À couteaux tirés pour le côté survival en forêt, c'est raté, quelques arbres et une rivière ne suffisent pas à créer ce qu'on appelle un décor.
Plans anecdotiques (malgré un ou deux avec une flèche en CGI, histoire de...), musique de bas étage, photographie anecdotique... Johnston tient coûte que coûte à ne pas salir sa réputation de cancre et continue avec brio. Ensuite, il y a ce scénario très intéressant traitant de revanche et de culpabilité réciproque. Car si le film met du temps à démarrer, il s'avère finalement intrigant en milieu de parcours pendant la fameuse (très très courte) chasse à l'homme suivi d'un double-interrogatoire gore et tape-à-l'œil.
S'en suit dès lors une redondance plus agaçante qu'ennuyeuse jusqu'à un final incroyablement osé avec un happy-end à faire pâlir celui d'Iron Man 3. Pour finir, l'interprétation : quand De Niro s'emmerde, il laisse Travolta s'égosiller avec un mauvais accent serbe et un nouvel accoutrement mémorable à rajouter à sa collection. Bref, partant d'une bonne intention, Face à Face reste un produit vide, mal réalisé et mal interprété auquel on ne croit jamais.