C’est le premier long métrage de Ely Dagher. Il s’était fait remarquer avec son court métrage d’animation Waves '98 qui avait reçu le Palme d'Or du court métrage en 2015. Face à la mer a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2021.
Le Liban est un pays plongé depuis des décennies dans différents conflits. Cela a entraîné un certain nombre de citoyens à chercher le bonheur et la stabilité dans d’autres contées. Cette fois, on ne va pas suivre le destin d’un expatrié, mais d’une Libanaise décidant de revenir au pays après n'avoir pas aimé son expérience en France. Une fois sur sa terre natale, Jana va se rendre compte que les problèmes n’ont pas diminué dans son pays, au contraire.
Ce film est donc une analyse de la situation libanaise avec un regard pertinent. En effet, Jana connaît la situation passée de son pays et a donc un œil critique sur ce qu’il est devenu. Le symbole va être cette fameuse mer. Avant ses parents avait une vue directe sur celle-ci alors que désormais, elle est bouchée. Cela ressort comme une symbolique. Le temps passe et il est de plus en plus difficile pour les jeunes générations de voir une échappatoire. Situation dont ceux plus vieux se sont habitués. Un conflit donc entre deux visions de la vie. Les scènes dramatiques en découlant sont d’ailleurs poignantes.
Face à la mer nous berce avec sa superbe bande-son. Tout est d’une irréprochable justesse. Elle va donner une puissance au contenu. Le personnage de Jana a un rôle capital dans l’attrait qu’on va avoir. Son comportement est véritablement à observer. Tantôt contente, on la surprend régulièrement les yeux dans le vague. On ressent véritablement une démotivation certaine. Elle ne croit clairement plus en la vie et c’est touchant. Le spectateur veut qu’elle se relève avec son pays.
On ne peut donc que saluer la performance de Manal Issa. Elle nous avait déjà enchantés il y a quelques mois dans Memory Box. Roger Azar, dans le rôle de son copain, va mettre une belle dose de caractère.