Après Memory Box et avant l'excellent Costa Brava, Lebanon (sortie fin juin), lequel fonctionne comme une métaphore de la désintégration du pays, Face à la mer donne une autre occasion de se pencher sur l'état des lieux au Liban, sachant que le film a été tourné avant l'explosion dans le port de Beyrouth. Jana, son héroïne (belle interprétation de Manal Issa), une jeune femme ténébreuse, revient dans sa patrie après un séjour parisien dont on ne saura que bien peu de choses. Le personnage est énigmatique et taciturne, ce qui est bien gênant puisqu'elle accapare le film en reléguant les autres protagonistes à quelques traits vite esquissés. Tout le film est à son image, c'est à dire entre deux eaux, avec une ou deux scènes oniriques pour accentuer la morosité ambiante. Face à la mer marque sans doute la volonté du réalisateur, Ely Dagher, de montrer un pays meurtri par les conflits à répétition et cultivant un certain fatalisme devant le désespoir qui ne peut manquer de survenir à la prochaine catastrophe. Le Liban est-il un pays sans avenir ? Jana, qui représente une nouvelle génération, semble le croire et ce qu'elle y voit, elle qui l'a quitté pendant quelque temps, ne fait que la conforter dans son sentiment. Trop flottant et dénué d'intensité, Face à la mer ne tend hélas pas beaucoup de perches au spectateur, comme en sidération devant un no man's land d'émotions évanouies et d'énergies noyées, dans un grand marasme existentiel. Face à l'amer, plutôt.