C’est le premier western de Gordon Douglas : s'ii montre ses qualités de cinéaste expérimenté (notamment un sens du montage elliptique), elles ne peuvent relever le scénario de Kenneth Gamet. Pour cet autre ancien, c’est aussi le premier western. Après celui-là, il en écrira ou adaptera un bon nombre mais toujours hélas de manière médiocre. Il est bâti suivant « la formule » des années 40 : cavalcades et poursuites répétitives, à travers les mêmes paysages (ici Lone Pine, très utilisé dans les westerns - et le plus souvent bien mieux) qui recyclent des clichés accumulés dans les décennies précédentes. Et comme beaucoup d’autres de ces films avec des outlaws ou des marshalls historiques, il lisse et dénature leur histoire, ici le gang de Bill Doolin, lequel est joué par Randolph Scott.
Le "Dalton gang » fut, en vrai, décimé en 1892, et c'est le "Doolin Dalton Gang" qui prit sa suite : dirigé par Doolin, il inclut le seul frère Dalton rescapé. C’est ce groupe là qui fut appelé aussi "Wild Bunch" (la Horde Sauvage). Mais il faut noter qu'un autre groupe, distinct, ultérieur, celui de Butch Cassidy aura ce même surnom de "Wild Bunch" (et tout cela n'a rien à voir avec le superbe film The Wild Bunch de Sam peckinpah de 1969).
Dans la frénésie de stéréotypies que nous inflige ce film, il est quand même agréable de repérer quelques glissades abruptes de chevaux, réalisées par la seconde équipe du grand cascadeur Yakima Canut, et des plans très concis d’attaques de trains ou de hold-up de banques (mais quand même trop courts), ou une bonne bagarre aux poings plutôt teigneuse, ainsi que quelques rares moments de comédie originaux, comme un échange de regards de Scott avec un gosse scrutateur dans une église (dont Bertrand Tavernier fait l'éloge à juste titre).
A l’inverse, un des complices (dont le surnom était « Arkansas ») est devenu dans le film à la fois un tireur d’élite et un obèse jovial et coureur de jupons, ceci pour respecter la tradition des intermèdes comiques fréquents dans les westerns de cette décennie là, en fait des moments insupportables.
La très belle image en noir et blanc, y compris dans beaucoup de scènes nocturnes, est due à Charles Laughton Jr.
La fameuse « Battle of Ingalls » entre le gang et les marshalls qui le poursuivent est édulcorée par rapport à celle qui eut lieu en vrai, et elle paraît ici bien banale. Historiquement, il y eut plusieurs marshals tués, ainsi que des badauds, et des bandits furent gravement blessés. De même sont censurés les liens entre le gang et des très jeunes adolescentes (Cattle Annie et Rose Dunn dite Rose de Cimarron) transformées dans le film en saloon girls d’âge convenable. Toutefois, il y a une trace du soutien inconditionnel de Rose à "Bitter Creek" Newcomb blessé, joué par John Ireland. Mais dans la vraie vie, il fut tué avec un autre complice par deux chasseurs de prime, les frères de Rose, ce qui est plus paradoxal et et ambigu que dans le scénario du film.
Gunfight final : Scott sort de dos face au marshall et à la milice qui l’attendent, observant sa fiancée, jouée par Virginia Huston, s’éloigner à cheval, puis une fois rassurée pour elle, il se retourne l’arme à la main pour se faire tuer, car c’est le destin que lui avait prédit le père de sa fiancée...
Si ce film est ennuyeux car il donne une impression de déjà vu et revu, c’est sans doute que le scénario plombe la très bonne équipe réunie sur le tournage, y compris les acteurs de seconds rôle : John Ireland, Noah Beery Jr - meilleur que d’ habitude - Georges MacReady - pour une fois marshall alors qu’il est un «vilain » dans d’ innombrables westerns ou films noirs.
Si on compare ce film avec le superbe Rio Conchos de 1964, on notera que dans ce dernier, toute l’équipe est excellente y compris le scénariste. Pour ce qui est de la qualité des films de Douglas, c'est cette différence qui lui fait tenir la distance.