Citadelle assiégée
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le 17 mars 2019
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Critique pour le site Le Bleu du Miroir
Empruntant les sentiers de la classe moyenne en difficulté face à la crise de l’emploi, Factory parcourt un chemin plus sombre que certains. D’un film initialement annoncé comme un thriller politique, la narration s’enfonce dans les confins d’une psychologie plus complexe créant divers niveaux de lecture à l’intrigue, pour un labyrinthe scénaristique énigmatique.
À la réalisation, le russe Yuri Bykov tisse avec finesse et efficacité une histoire désenchantée dans laquelle des ouvriers cèdent au désespoir face à la perte future de leur emploi et prévoient le kidnapping de l’oligarque local propriétaire de l’usine. Mais le plan ne se déroule pas comme prévu et l’issue prend un dessein plus dramatique. Reprenant les codes d’un blockbuster américain, le réalisateur insuffle un vent glacial soviétique échappant au sempiternel couleurs criardes et explosions à gogo si proprement « kitch » au genre. L’esthétique est léchée, la photographie affiche une dualité de nuances chaud-froid qui colle au caractère du personnage principal Le Gris, tandis que la bande sonore crée une ambiance lourde, à l’intensité palpable. Cette combinaison maîtrisée, scénario et réalisation, abat dès le début une chape de plomb dont la pesanteur ne quittera pas le spectateur jusqu’à la fin.
À travers cette histoire, Yury Byokv dresse des portraits de vie résignée, d’existences qui semblent vaines dont le fatalisme mènerait presque au nihilisme. Factory explore avant tout l’individualité et l’individualisme, comment ce dernier impacte le collectif, au-delà de toute corruption. Alors quel est le moteur ? L’argent ? La révolution ? Le sacrifice ?
L’intrigue est cousue avec talent, l’âpreté de Le Gris écorche l’image, pour une dystopie efficace à la noirceur brumeuse.
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