C'est dans le cadre d'un atelier de programmation cinématographique à la fac que j'ai entendu parler de Fading pour la première fois. La thématique de la programmation étant "le jour et la nuit", notre intervenante a insisté pour nous parler de ce moyen métrage français d'Olivier Zabat, film qui dure à peine une heure.
Le peu qu'elle nous a dit sur cette œuvre était pour le moins intriguant. Fading est une sorte de fiction documentaire d'angoisse, sélectionné à la Mostra de Venise en 2010. En cherchant des informations sur le film sur le net, pas d'affiche officielle, pas de page senscritique, pratiquement personne ne l'a vu. Presque rien ne filtre, si ce n'est que Fading est un véritable ovni cinématographique. Ma curiosité ayant pris le dessus, je lance le film.
Une heure passe.
Quand j'ai lu que Fading était un ovni, j'avais commencé à m'imaginer des choses, à réfléchir à ce que je pouvais voir. Je m'attendais à tout. A tout, mais absolument pas ce que j'ai vu.
La scène d'ouverture nous montre un vieux punk polonais avec toutes ses caractéristiques: clous, chaines, crête, seringue. L'homme met mal à l'aise, mais le lieu où il se trouve aussi, un genre de squat vide, avec un plafond très lumineux. On réalise ensuite que cette lumière est la lumière du jour, et que l'homme se trouve dans une de cave, une sorte de passage entre deux mondes, une limite entre la terre et un monde inconnu et hostile. Et la scène nous montre cet homme en train de se prendre en photo avec son téléphone portable.
Puis le réalisateur nous introduit les deux autres personnages (réels? fictifs?) du film. Deux gardiens de nuit dans un hôpital dont les couloirs souterrains sombres forment un vrai labyrinthe. La caméra est totalement immergée dans ce lieu étrange et oppressant, tout cela transpire la réalité, et place le spectateur au cœur du film, alors que les personnages commencent petit à petit à avoir peur dans les abimes de cet hôpital et dans les recoins de leurs imaginations.
Olivier Zabat signe ici un sacré tour de force, celui de retranscrire, avec succès, les émotions et peurs de ses personnages. Le spectateur fait face, impuissant, à cette peur primale qu'est la peur du noir. On se retrouve ainsi comme un enfant apeuré dans la pénombre de sa chambre, alors qu'il ne sait même pas de quoi il a peur.
Quel dommage que ce film n'est pas pu être plus visionné, je ne pense pas qu'il soit édité en DVD, peut être qu'il sera un jour diffusé à la télévision. Si c'est le cas, si vous êtes amateur de films angoissants ou de films d'horreur, précipitez-vous, car Olivier Zabat mérite totalement qu'on lui accorde une heure en regardant Fading.