Voir l'adaptation cinématographique d'une oeuvre que l'on a apprécié est difficile. Notre vision du monde et de ses personnage s'est déjà fixé dans notre esprit et le film a alors de grande chance d'être décevant. C'est malheureusement le cas pour ce film.


Déjà, un des problème de cette adaptation est son époque. La description d'un monde dystopique aux technologies avancées fait écho aujourd’hui car depuis la parution de l'oeuvre originale nos technologies ont avancés et on s'est rapproché de ce futur qui semblait si lointain. En 1966, la déconnexion à la réalité à travers les écrans de Mildred/Linda, son mode de vie ermite au plus proche de sa famille virtuelle et bien plus dur à visualiser et donc à retranscrire à devant la caméra. Ainsi, de nombreuses facettes de ce monde renfermé sur lui même, sont ignorées (sans oublié le rôle du Limier).
L'aspect futuriste du livre, si l'on exclut le métro du turfu, est complètement éludé dans le film par Truffaut. Deux décennies plut tard et le film n'aurait pas du tout eu la même image.
Remarque, je met ça sur l'impossibilité technique à l'époque mais il peut tout aussi s'agir d'un choix artistique.


Mais la où le film m'a le plus déçu, c'est dans la relation entre Montag et Clarisse et dans le changement radical qu'elle opère sur la vie du pompier. Ce changement est, justement, trop radical. On passe en seulement quelques minutes d'un pompier zélé à un lecteur aussi assidu qu'illégal. Les diverses scènes entre lui et Clarisse ne remplissent pas leur rôle de socialisation, d'une nouvelle éducation hors des régles et des lois imposées par la société.
Ce changement d'état d'ésprit à 180° est mal géré, alors que c'était déjà un des points faibles du livre selon mon opinion.
Cette relation entre les deux personnages principaux est aussi gâché par le parti pris de Truffaut concernant Clarisse. Dans le roman, on ne connait pas grand chose d'elle et son jeune âge renforce ce coté mystérieux.
Dans ce film, on connait son métier, et son âge et plus avancé, évidement pour installer un climat amoureux avec Montag et une rivalité avec Linda/Mildred. Un profil enfantin aurait été selon moi plus adaptée pour refléter la conscience perdue du pompier.


L'adaptation de Truffaut n'a pas seulement des points faibles, il réussit à élever certains passage de son oeuvre et les collent comme du papier peint sur notre champs de vision (le problème c'est que ça se démode vite le papier peint).
Le point fort du film est clairement l'épilogue. Alors qu'on a la sensation d'une fin bâclé pour l'ouvrage de Bradbury, renforcé par la "chute" d'une civilisation, le film nous laisse contempler cette communauté de solitaire, ces hommes-livres et leurs interminables monologues. Contrairement à la deuxième partie du film ou les événements s’enchaînent (trop) rapidement, Truffaut prend ici le temps de fixer ses personnages, on effectue leurs rondes, on mémorise leurs textes. Ce ralentissement du récit se ressent aussi dans le changement de rythme musical. On passe de la fanfare des pompiers à une mélodie représentant la dérive de Montag.
Une fois échappé de la société, on prend le temps. Et alors que la neige tombe on comprend que Montag, ancien adepte des flammes, à retrouver sa conscience.

maël1
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le 8 juil. 2016

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