J’ai trouvé ce film profondément authentique dans son récit et sa manière de nous être livré. Karim Dridi nous invite à monter à bord d'un vieux fourgon imprégné de l'odeur du tabac froid, d’effluves d’alcool et de vêtements qui suintent l’humidité pour un film itinérant qui s'avère être une véritable aventure humaine. On y suit deux jeunes femmes, des marginales à travers leurs péripéties, leurs rencontres et leurs galères. Le réalisateur ne s’emmerde pas avec les dialogues pour aller à l’essentiel. Cette approche confère une grande importance aux jeux de regards : mais même dans le silence, tout devient limpide et communicatif. Les acteurs sont remarquables dans la transmission des émotions, qu’il s’agisse de désarroi, de peur ou de joie. J’aurais souhaité que le film explore davantage cette parenthèse romantique marseillaise, et cette rencontre avec Tof, qui apporte, par son regard à la fois tendre et inquiet, une touche de pureté et de naturel dans un univers très sombre. La conclusion du film représente l’aboutissement de cette recherche de liberté et une affirmation du mode de vie des marginaux malgré la violence de la société et de l’État. Si les deux protagonistes sont en quête perpétuelle de liberté, elles deviennent par dessus tout à la fin de véritables punk à chien avec l’adoption de leur propre compagnon à quatre pattes.