Comme dans Khamsa (seul autre film du réalisateur que j'ai vu), Dridi fait montre d'une impressionnante maitrise, dans le montage du film et la construction du récit. Une histoire simple, sans grands rebondissements, juste une chronique de la vie de deux femmes durant une année, d'abord ensemble, puis séparée, puis à nouveau simple. Deux personnages sidérants d'humanité, attachants au possible, qui affrontent les vicissitudes de la vie avec philosophie et qui savent en gouter les bons moments. Une vie pourtant pas facile puisqu'elles sont sans domicile fixe, comme on dit. Manifestement par choix, c'est en tous cas l'impression qui en ressort même si le film n'évoque jamais leurs passés.
Elles ont quoiqu'il en soit - par leur seule volonté ou non - renoncé à leur confort et à leur sécurité au profit d'une liberté bien plus grande que celle le mode de vie communément admis confère. N'ayant rien à perdre, les relations qu'elles développent ou entretiennent sont sincères, car dépourvues d'enjeux sociaux ou économiques. Et leurs vies de se déployer - sans richesses mais sans entraves - dans les superbes lieux choisis par Dridi : moyenne et haute montagne, Marseille. Elles seront souvent incomprises, voire réprimées, mais bénéficieront également de la solidarité sans faille de leurs semblables.
Dridi signe là un très beau film intimiste, franchement à contre-courant, puisque ses deux héroïnes sont ce que les bonnes gens appelleraient des punks à chien. Tout ça avec un vrai talent de cinéaste, qui transcende un sujet qui dans d'autres mains serait vite devenu sordide. Un bel hommage au monde des ZAD et de la free party, si l'on veut.