Cette concentration en bourrin de série B aurait presque ses côtés (involontairement, bien sûr) drôles, pas de doute, on est bien dans ce que la ozploitation a pu produire de plus dégénéré. À noter cependant que cette frange du cinéma 80s aura des répercussions sur le reste de l'histoire, avec jusqu'à récemment un film qui semble tout particulièrement calqué sur celui-ci, "Revenge" de Coralie Fargeat. On reconnaît dans Fair Game ce qui a tant plus à Tarantino (qui en parle avec beaucoup d'enthousiasme dans le docu "Not Quite Hollywood") et qu'il a pillé, comme à son habitude, pour le retranscrire dans "Death Proof" : la fameuse séquence où une femme est attachée à l'avant d'une voiture lancée à balle, qui ici est un substitut de la partie "rape" du rape & revenge.
Toujours aussi étonnant de voir juxtaposés des éléments aussi dissemblables. Il y a tout le contenu, vulgaire et débile au dernier degré, avec des caricatures ambulantes pour personnages secondaires, et puis il y a ce cadre exquis de l'outback australien, ces terres rougeoyantes et ce forêts denses. Je ne connais pas ou très peu d'associations semblables ailleurs dans le cinéma. La caractérisation des inimitiés entre la jeune femme et les trois chasseurs de kangourous est vraiment pathétique, du grand n'importe quoi dans le registre "plus c'est gros et con, plus ça passe", même si le contraste entre la gentille femme qui s'occupe d'une réserve naturelle et les trois attardés qui déciment la faune locale n'est pas dénué d'intérêt. D'autant plus troublant que l'héroïne, interprétée par Cassandra Delaney, a des faux airs de Sarah Connor aka Linda Hamilton dans Terminator.
Mais il y a beaucoup trop de choses impossibles à supporter. Ces nappes de synthé hideuses dégueulent sur presque tout le film là où elles sont censées rendre plus angoissantes les séquences de chasse à l'homme, une vraie abomination dont on ne sort pas indemne. Dommage, donc, que l'écriture (personnages et intrigue) n'ait pas bénéficié d'un meilleur talent car il y avait beaucoup d'ingrédients intéressants (à commencer par cet iconique 4x4 rouge avec son énorme pare-chocs en alu) pour faire un thriller horrifique d'un autre niveau. En l'état, on est plus proche de "Razorback" que de "Wake in Fright"...