Pratiquement la clameur de ceux qui prétendent à une petite éclate extraconjugale, réinventant la joie et l’amour. « Mieux que toute la vie mon amour, nous avons deux jours ! » aurait pu également baptiser la pièce. Comme il a été dommage de passer tant d’années à côté de ce pétillant délice de finesse, d’humour, de jeunesse, de voltige rhétorique et d’équivoques vaudevillesques pleines d’esprit. Cette première version cinéma sur deux, sortie en 1936, d’une pièce de Sacha Guitry à 15 adaptations au théâtre depuis 1916, offre, sur une grosse heure et quart jouée par Guitry, Raimu et Jacqueline Delubac, un tourbillon de légèreté, d’insouciance et d’humour, issus pourtant du marivaudage, de la vie maritale et de l’adultère en pleine 1ère Guerre Mondiale.
Cette valse entre l’épouse, l’amant et la mari nous embarque dans une rhétorique à la fois simple et complexe, acrobatique au rythme varié, à la science du détail, des évocations, des hypothèses, des sentiments, des mots et des retournements qui font carrément penser à Molière dans ses heures grivoises et dans cette architecture sémantique qui force l’attention tout en nous donnant l’impression de voler, en particulier dans le mémorable monologue. Un bain de bonheur sentimental et intellectuel qui devient rare et jouissif dans l’actuel délitement de la langue française.