"I used to encourage everyone I knew to make art ; I don't do that so much anymore."
Ce film aurait pu être un putain de foutoir ; après tout, sa base de données visuelles en est un. Il aurait pu être le simple coup de bluff d'un petit malin ; après tout, tourner un documentaire sur celui qui vous filme, ça annonce la couleur. Il aurait même pu être un simple instrument, une œuvre d'apport au monde du street-art, après tout pour finir de légitimer un art, quoi de mieux que les autres formes d'expressions qui s'y intéressent...
Mais le premier film de Banksy est juste un putain de travail de fourmi, une plongée en apnée dans les archives personnelles d'un frenchman émigré à Los Angeles fou de caméra et de graffeurs, et un retournement progressif du point de vue du spectateur dont pas mal de films à twist pourraient aisément s'inspirer. Prends-ça, Donnie Darko.
Au final, la blague n'est jamais vraiment clarifiée, les vrais enchaînements des événements jamais certifiés, et si l'homme au favori semble trop fou pour être réel, le plus terrifiant réside sans doute dans le fait que non, non il n'est pas monté de toutes pièces.
Après, les intentions cachées de Banksy sont bien camouflées, comme son identité l'est derrière un masque de singe et un altérateur de voix : veut-il vraiment donner au monde du street-art SON documentaire, veut-il juste commencer une carrière perso plus loin des entrepôts londoniens et plus près des tapis rouges ? Ou alors n'en a t-il rien à foutre de la légitimité, de la gloire personnelle, et cherche t-il juste à éclairer ses contemporains, à théoriser d'une certaine manière comment un mouvement peut passer mainstream et ce, la plupart du temps, par l'accès aux sommets non pas de ses fondateurs, mais de ses imposteurs ?
Un film sur le street-art, certes, mais avant tout sur l'art, ou en tout cas ce qu'il en reste depuis le bug de l'an 2000. En fait, ce film, ce n'est rien d'autre qu'un des meilleurs documentaires des dernières années.