Noël 1984, 36 ans déjà, seul dans la grande ville, perdu dans le fourmillement fiévreux des hommes, femmes enfants qui s’affairent à tenter de dénicher le dernier cadeau pour les fêtes de fin d’année, seul avec cet amour qui cogne dans mon crâne douloureux. Je marche, sans trop savoir où je vais, parmi les lumières, les guirlandes et les étoiles de la cité en effervescence.
Je m’arrête devant un cinéma, regarde les affiches et tombe sur les visages de Robert de Niro et Meryl Streep heureux, rayonnants dans un « falling in love » apaisant.
A l’écran le va et vient incessant du tracas joyeux des préparatifs de dernière minute dans les rues et les magasins illuminés de New-York. Dans une librairie Frank et Molly les bras chargés de cadeaux se télescopent. On s’entraide pour ramasser les paquets aux emballages colorés. Premières paroles timides, premiers sourires, ils se dévisagent à la dérobée, les regards se croisent sans trop s’attarder, complicité naissante. Elle est mariée, lui aussi…
Ils se retrouvent plus tard dans le train qui les mènent chacun à leur travail, elle est graphiste et lui chef de chantier. Chaque jour ils font le trajet ensemble. Petit à petit la complicité devient intimité, les regards qu’ils se lancent, leurs sourires radieux en disent plus longs que des mots. Ils finissent par se donner rendez-vous.
Préparatifs fiévreux, maquillage discret, choix de la robe, sa copine devine, Molly avoue « J’aime être avec lui » Frank essaie chemise après chemise, pantalon après pantalon, coup de brosse par ci, sourire devant le miroir par là.
Ils sont amoureux, follement amoureux, mais il y a les conjoints et les enfants, ahlala…Ils hésitent, louent une chambre d’hôtel, mon Dieu que faisons nous, scrupules, ils ne feront pas l’amour aujourd’hui. Ils repartent chacun de leur côté, Molly pleure.
Le mari de Molly comprend qu’il se passe quelque chose, la femme de Frank n’est pas dupe non plus, elle le gifle. Frank appelle Molly, un chantier l'attend à Houston, il la prie de venir, peine perdue. Elle a à peine raccroché le combiné qu’elle monte dans sa voiture, elle prend des risques inouïes manque de bol c’est la panne. Trop tard, Frank part pour Houston. C’est fini…
Une année a passé, revoilà Noël, ils se retrouvent dans la même librairie maintenant seuls maintenant libres. Hélas, encore une fois, chacun part de son côté. Soudainement Frank fait volte face. Il fonce dans la foule, monte dans le train, bouscule les passagers, il la voie, elle le voie, ils s’étreignent, ils s’embrassent. Ils sont beaux, ils sont ensemble, pour de bon, pour de vrai, pour la vie.
Le scénario est simple, banal même, la valse hésitation de deux grands acteurs déjà réunis dans « Deer Hunter » qui jouent à merveille des regards, des sourires, des pleurs aussi parfois, de gestes délicats et tendres, des mots de sucre et de miel. « Falling in Love » » est une friandise, un conte magique, la romance entre Meryl Streep et Robert De Niro qui tiennent le film à eux deux. Avec d’autres acteurs le film n’aurait sûrement pas eu le même impact sur moi, ni le même intérêt. Ils transforment une simple amourette en une idylle fusionnelle. La photo est excellente, la musique de Dave Grusin est parfaitement dosée et New-York est belle dans ses apparats festifs. Réalisateur Ulu Grosbard, à noter la présence de Harvey Keitel.