Etrangement affilié au genre du musical niaiseux style "Flashdance" ou "Dirty Dancing", la faute sûrement aux rares numéros dansés ou chantés (dont la cultissime scène de danse en pleine rue) et à la piètre série télé qui suivie, le "Fame" original est pourtant bien éloigné de sa réputation un peu gnan-gnan de simple comédie musicale pour gamine de quatorze ans. Filmé avec peu de fioritures, dans un style proche du documentaire, le film suit le parcours d'une poignée d'aspirants artistes, certes très typés (le rebelle, le comique torturé, l'introverti, le geek, la vierge...) mais profondément humains et attachants, incarnés par de jeunes comédiens talentueux dont la plupart tomberont malheureusement dans l'oubli (hormis Paul McCrane et, dans une moindre mesure, Irène Cara). Incroyablement lucide, le film d'Alan Parker ne cache jamais la dure réalité d'un milieu précaire et incertain, n'hésitant pas non plus à peindre le New York de l'époque comme une cité tentaculaire, brisant les rêves des moins endurcis. L'ensemble ne tombe cependant jamais dans le pathos ni dans un misérabilisme facile, faisant preuve d'un certain humour et s'achevant tout de même avec une lueur d'espoir, le tout au son d'une bande originale entraînante.