En revoyant le film de Christian-Jaque, il ne fait pas de doute que le souvenir favorable qu'on en a gardé tient moins au film lui-même qu'au personnage de Fanfan la Tulipe immortalisé par Gérard Philipe.
En effet, si l'histoire de Fanfan est une comédie d'aventures très mouvementée où l'humour le dispute aux scènes d'action, le réalisateur ne témoigne que de peu d'originalité et d'ingéniosité. Les duels à l'épée sont d'ailleurs plutôt mal réglés et la fantaisie manque un peu de subtilité. Le film se fait plus amusant lorsqu'il égratigne l'esprit militaire et moque la routine guerrière des époques royales. Ou lorsque s'affrontent le sourcilleux Fier-à-bras (Noël Roquervert dans une composition fameuse de militaire qui en appellera bien d'autres) et l'espiègle Fanfan. Sans doute est-ce l'apport d'Henri Jeanson, souvent associé du reste à Christian-Jaque.
Fanfan se situe dans une lignée littéraire et romanesque, en héros emblématique de l'insouciance, de l'insoumission et de la séduction. La composition de Gérard Philipe, empreinte d'une certaine grace romantique, malgré un esprit parfois picaresque, contribue, plus que le métier de Christian-Jaque, à la légende de Fanfan la Tulipe.