A travers ce film fleuve (près de 3 heures), mais aussi film testament (les adieux de Bergman au cinéma), apparemment largement autobiographique, le maître suédois nous livre sa passion pour le théâtre - lieu de toutes les flamboyances émotionnelles, qui d'ailleurs semble contaminer largement le comportement à la ville de la Famille Ekhdal, mais nous révèle aussi la place des fantômes dans la vie : rarement menaçants, aussi triviaux que lors de leur vie terrestre, ils sont paradoxalement la représentation de ce qu'il y a de meilleur dans la vie, et permettent en tout cas la résistance à l'oppression religieuse. Le conflit entre le jeune Alexander et l'effroyable dictature intégriste du bishop Vergerus, d'une terrible force émotionnelle, mais aussi la stupéfiante scène d'introduction, alors que les enfants errent dans une grande maison familiale inexplicablement privée de vie, resteront en tout cas longtemps dans la mémoire du spectateur ébloui. [Critique écrite en 1983]