Le documentaire débute par le discours du président français Nicolas Sarkozy à Dakar le 26 juillet 2007, rédigé par Henri Guaino, et déclarant que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire » et l’oppose à la conférence de Frantz Fanon, « Racisme et culture », donnée au congrès des écrivains et artistes noirs à Paris le 29 septembre 1956. Ce dernier est né en Martinique en 1925 et mort à 36 ans.



En 1943, à 18 ans, il quitte son île et s’engage dans l’Armée Française de la Libération. Après la guerre, il retourne en Martinique où il fait des études de médecine avec comme spécialité, la psychiatrie. Il épouse, en 1952, Marie-Josèphe Dublé dite Josie. C’était sa muse (cf. publication de « Peau noire, masque blanc » la même année) et elle restera en Algérie après la mort de son mari. Il débute professionnellement à Saint-Alban-sur-Limagnole (Lozère) avant de devenir, en 1953, médecin-chef d’une unité de l’hôpital psychiatrique de Blida en Algérie. Il s’oppose au psychiatre Antoine Porot, fondateur de l’école algérienne de psychiatrie qui professe l’infériorité des Africains. En 1954, il adhère à la cause du F.L.N. et démissionne de son poste de Blida en novembre 1956, ce qui provoque son expulsion en janvier 1957. Il rejoint alors le F.L.N. en Tunisie où son fils, Olivier, né en 1955, le rejoint. Il travaille à l’hôpital Charles-Nicolle de Tunis et ne fréquente pas les Français, à part Marie-Jeanne Manuellan qui devient sa secrétaire (elle a écrit « Sous la dictée de Fanon » en 2017 à 89 ans). Pour elle, Fanon aimait l’Algérie, détestait le colonialisme et avait une grande culture. En 1960, il se rend au congrès panafricain d’Accra (Ghana) pour le F.L.N. Atteint d’une leucémie en 1961, il achève « Les damnés de la terre », préfacé par Jean-Paul Sartre. Il meurt le 6 décembre 1961 à Bethesda (banlieue résidentielle de Washington dans le Maryland aux Etats-Unis). Ayant demandé à être inhumé en Algérie, il sera, finalement, transféré dans le cimetière des martyrs de la guerre à Aïn Kerma près de la frontière tunisienne.
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""" La 1ère partie du film est une biographie intéressante de Fanon ; la 2nde partie se déroule de nos jours avec des interviews de Lylian KESTELOOT, spécialiste belge des littératures noires-africaines, de Raphaël CONFIANT, écrivain martiniquais considérant Fanon intransigeant mais que la phrase, « Un bon colon est un colon mort » est de Sartre, de Cornel WEST, professeur américain de religion et d’histoire des afro-américains et évoque aussi l’Afrique du Sud (avec le mouvement étudiant « Rhodes must fall », demandant le retrait de la statue de Cecil Rhodes (1853-1902), symbole de l’impérialisme britannique, située à l’entrée du campus du Cap et l’influence de Fanon sur Steve BIKO, militant anti-apartheid et mort en détention à 30 ans), le Portugal et la Palestine. Frantz Fanon a eu une influence sur les activistes car il a réfléchi sur la domination des peuples, plus qu’à la négritude car il aimait profondément les Algériens. Il ne prône pas la violence pour la violence car pensant à l’après d’où son terme d’amour révolutionnaire. La 2nde partie, un peu longue, est moins convaincante car elle manque de contradicteurs ; depuis la mort de Fanon, le monde a changé avec la chute du mur de Berlin, la globalisation et Internet. L’écrivain militant est-il toujours d’actualité ?

bougnat44
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le 15 déc. 2020

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