Enfant, j'ai dévoré un bon nombre de classiques Disney. De Blanche Neige jusqu'aux Mondes de Ralph en passant par Mulan, Les 101 Dalmatiens ou encore Robin des Bois, ils étaient tous géniaux à mes yeux. Mais il y en avait un que je ne comprenais pas. Un film avec uniquement de la musique, pas vraiment d'histoire et peu de dialogues. Quel peut-être le but d'un tel dessin animé ? J'aurai été incapable de vous répondre étant petit, mais des années plus tard, ça y est. J'ai compris Fantasia.


Troisième long-métrage d'animation Disney, Fantasia est une véritable révolution technique à sa sortie, fin 1940. Son révolutionnaire, animation travaillée, riche et fluide, c'est un travail titanesque que Walt Disney et toute son armée d'artistes décident de créer.D'ailleurs, dès le début, on nous présente le film comme un divertissement révolutionnaire, histoire d'attirer aussi la curiosité du spectateur. À l'origine, Disney voulait même qu'un orchestre soit présent lors de chaque diffusion en salle, ce qui s'est avéré impossible vu le coût total de la chose.

Un projet ambitieux et coûteux donc, mais qui finit bien par voir le jour avec une première mondiale le 13 novembre 1940 à Broadway.


Fantasia se présente donc comme une révoltuion cinématographique sous forme d'un dessin animé. Il s'agit de sept mises en scènes de grandes compositions de la musique classique illustrées par des univers fantastiques variés et colorés. Bach, Beethoven, Tchaïkovsky et d'autres compositeurs sont ainsi mis à l'honneur de manière à rendre leur musique vivante et d'y ajouter la magie de l'animation. Certaines séquences sont oniriques, d'autres plus littérales, il y a des moments légers, des moments humoristiques, et même des passages capables de traumatiser un gosse (c'est à ça qu'on reconnaît un bon Disney).

Le film se différencie beaucoup des deux premiers longs-métrages d'animation du studio, mais aussi de tous les autres. Il n'y a pas d'aventure, pas de conte, pas de farce, juste une communion avec l'orchestre. Et c'est bien ce qui peut rendre ce film déplaisant lorsqu'on est plus jeune ou pas intéressé par la musique, Fantasia est une oeuvre contemplative, qui doit être comprise et admirée, non pas juste regardée comme un quelconque dessin animé.


Ce qui est important de noter également, c'est que Fantasia ce n'est pas que de la musique, c'est aussi de l'animation. Et quelle animation ! Ce film a 82 ans cette année et il est toujours aussi époustouflant. C'est presque fou de se dire que malgré son âge, ce film fait mieux que des films d'animations récents.

L'animation est fluide, précise, parfois abstraite mais jamais chaotique. Les personnages et les décors débordent de vie et d'expression. Aux mouvements s'ajoutent aussi les couleurs, riches, belles, par moment on croirait voir des chefs d'oeuvre de la peinture. Les talents visuels des artistes des studios Disney permettent déjà d'en prendre plein la vue. Au tour de nos tympans :

Interprétée par l'orchestre de Philadelphie, la musique se veut être le coeur de Fantasia, un art délicat et magistral enrobé dans une délicieuse couche d'animation. Avec au programme des classiques de la musique orchestrale, la bande-son se veut digeste et accessible à toutes les oreilles en plus d'être de qualité. Maintenant que nos yeux et nos oreilles sont mobilisés par deux arts différents, mettons les en commmun.


Si les séquences animées sont inspirés par la musique qu'elles illustrent, elles ne sont pourtant pas choisies au hasard. Tout commes les grands compositeurs, l'animation s'inspire de la nature, de la magie et de la myhtologie, et en conséquence, elle s'adapte à la musique, et non l'inverse. Les poissons qui se déhanchent au son de la Danse Arabe, les archets et les cordes qui volent dans le ciel en écho à la Toccata in Fugue en Ré mineur, les balais qui remplissent leur besogne en rythme de la marche de L'Apprenti Sorcier, Chernabog qui fait danser des monstres tel un chef d'orchestre qui dirigerait la Nuit sur le Mont Chauve; les images et la musique ne font qu'un. Ce n'est pas un dessin animé musical ni même une symphonie illustrée, c'est une union de deux arts, de deux sens qui éveillent le rêve et l'imagination dans le cerveau humain ! C'est ça Fantasia ! La mise en commun de l'ouïe et de la vue pour une initiation à la musique classique qui permet de découvrir toute la grandeur de l'animation faite à la main.


Si j'avais un reproche à faire au film, ce serait sa narration. Entre chaque séquence, Deems Taylor nous explique ce que nous allons voir, pourquoi cette oeuvre a été imagée de cette manière etc.. Mais au fond, ce procédé narratif gâche complètement l'effet de surprise et de découverte. Au lieu de nous faire un résumé de ce qu'on s'apprête à voir, il aurait mieux fallut nous parler un peu du compositeur ou des émotions qui se dégagent de la musique qu'on va nous faire écouter.

Aussi, on ressent que ce film essaie de "réveiller" le public par moment. Notamment avec le narrateur, mais aussi avec un peu d'humour, une entracte, un caméo de Mickey et des séquences animées qui font plus penser à des dessins animés divertissants et plus classiques. Et je trouve ça dommage en fait, parce que ça créer un contraste assez bizarre avec les moments plus solenels et envoûtants et des passages plutôt comiques qui nous déconcentre de la musique ( le passage avec les hippopotames par exemple). Mais dans le fond, je comprends cette volonté de rajouter de la légerté à l'oeuvre : il faut bien captiver le public durant un film sans dialogue de presque deux heures, surtout si ce public est composé d'enfants. Et quand on y pense, le ton de ce film est assez sérieux, voire carrément sombre par moments. Catastrophes naturelles, bastons entre dinosaures, tempêtes, Mickey qui se fait marcher dessus par sa création incontrôlable, et que dire de la séquence finale qu'on pourrait associer à tout sauf à Disney !


Honnêtement, je pense qu'on pourrait écrire une critique intéressante pour chaque séquence du film, elles sont toutes passionantes, regorgeantes d'idées et sont juste un régal pour les yeux et les oreilles. En fait, on pourrait résumer Fantasia de cette manière : un festin pour le spectateur ! Des couleurs, du mouvement, des sons merveilleux, et une incitation au rêve et à l'imagination. Car même après le visionnage, entendre les nots familières de la Valse des Fleurs ou de L'Apprenti Sorcier nous ramène forcément à ce qu'on a vu dans ce chef d'oeuvre de Walt Disney. Qu'on aime ou non Fantasia, on ne peut nier qu'il s'agit d'une expérience unique dans le domaine de la musique et du cinéma. Comme tous les grands films, il vaut mieux le voir dans les ténèbres d'une salle de cinéma plutôt que sur un petit écran !


Arthur-Dunwich
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le 7 août 2022

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