Gérard Pirès,bien avant de devenir yes man chez Europa Corp.,était un réalisateur très singulier.Il adapte ici "Diamond bikini",une série noire humoristique de Charles Williams,et aboutit à une tentative de burlesque psychédélique assez symptomatique de ce début des années 70 et tout à fait dans la note de ses curieux court-métrages comme "La fête des mères" ou "La turlute".Pirès s'ingénie donc à faire de son film un incessant bordel.Couleurs rutilantes,musique tonitruante,bruitage violent,montage heurté.Le cadre est en permanence envahi d'animaux,d'objets,de personnages bizarres gigotant dans tous les sens,exécutant des acrobaties et subissant des chutes à répétition.Dans des paysages désertiques de western,on assiste à des explosions en série et à un festival de cascades automobiles.Pas étonnant qu'on ait confié à Pirès,beaucoup plus tard,les commandes de "Taxi".C'est d'ailleurs déjà Rémy Julienne qui règle les culbutes.Malheureusement,cette agitation se révèle assez vaine et même,sur la durée,plutôt fatigante.Le scénario est noyé dans ce capharnaüm et ne sert plus que de vague prétexte au délire général,lequel ne convainc qu'à moitié car l'humour est souvent faible,le trait est forcé,l'interprétation est surjouée.Paradoxalement,le non-sensique demande une certaine maîtrise largement absente du film.Pirès semble avoir voulu trop en faire et s'être laissé déborder par son ambition.Dommage car il y a de bonnes idées,hélas éparses,quelques gags et quelques dialogues fonctionnent,et la peinture d'une humanité peu reluisante gouvernée par la cupidité,la concupiscence et la bêtise est très bien vue.Les acteurs,aux prises avec une partition compliquée,s'en sortent diversement.La solidité de Lino Ventura,la gouaille de Jean Yanne et le charme de Mireille Darc leur permettent de surnager.A noter la courte apparition finale d'Alain Delon.