Le timide Stanley Moon (Dudley Moore) est secrètement amoureux de la belle Margaret Spencer (malgré l’insipidité de son actrice Eleanor Bron). Aussi est-il désespéré quand il découvre qu’elle a déjà quelqu’un dans sa vie, ce qui le décide à se suicider. Mais avant qu’il ne commette le geste fatal, un certain George Spiggott (Peter Cook) l’en empêche au dernier moment. Il lui révèle qu’il est en réalité le diable, et lui propose un marché : Moon lui vend son âme, en échange de quoi, il réalisera sept vœux de son client. Mais Moon va vite se rendre compte qu’un marché avec le diable est, quoi qu’on fasse, un marché de dupes…
On connaît peu de par chez nous le duo Dudley Moore-Peter Cook, alors qu’ils connurent leur heure de gloire en Grande-Bretagne dans les années 1960. Or, plus qu’un film de Stanley Donen, Fantasmes est sans nul doute un film de Moore et Cook. On retrouve en effet les deux un peu partout, non seulement devant la caméra, mais également à l’écriture du scénario et même à la musique (pour Moore).
Cela ne remet pas pour autant en cause la paternité de Stanley Donen, dont on retrouve l’efficacité de mise en scène, notamment à travers un montage dynamique bourré de drôlerie. Toutefois, Donen se laisse davantage aller que dans ses précédents films, et l’on aura grand-peine à retrouver dans cette comédie iconoclaste et pas toujours du meilleur goût (ce qui ne l'empêche aucunement d'être hilarante) la finesse et la subtilité qui caractérisent le réalisateur de bijoux tels que Chantons sous la pluie, Ailleurs, l’herbe est plus verte et Charade. Par ailleurs – c’est surtout là que réside son principal défaut – Fantasmes souffre trop de sa structure scénaristique, pâtissant de nombreuses baisses de rythme, l’histoire des sept vœux faisant dangereusement tendre la comédie de Donen vers le film à sketches, et vers ses incontournables écueils.
Fort heureusement, le duo Moore-Cook s’avère d’une telle efficacité, aidé en cela par des dialogues hilarants, que le rire est constamment de la partie, les scénaristes n’omettant pas de glisser matière à réflexion entre deux éclats de rire, le Diable s'avérant un théologien de premier ordre... (si ! si !) Ce qui fait non seulement de Fantasmes une bonne comédie britannique (en dépit d’un réalisateur américain), mais également une comédie intelligente. Deux bonnes raisons de ne pas dédaigner cette perle par trop oubliée.