Bien que réalisé par l'Américain Stanley Donen, Fantasmes est vraiment représentatif de l'Angleterre pop des années 67–68 et du « Swinging London ». L'actrice principale, Eleanor Bron était d'ailleurs la vedette, avec les Beatles, du Help de Richard Lester, réalisé l'année précédente : son choix n'est pas dû au hasard. Le film doit aussi autant, si ce n'est plus, au duo Peter Cook–Dudley Moore, les deux acteurs principaux et auteurs du scénario, qu'à Stanley Donen. Ce duo est célébrissime en Angleterre de 1964 à 1974, d'abord au théâtre puis à la télévision. Enfin, le film est représentatif d'un genre très à la mode dans les années 60, le film à sketches, sketches qui peuvent être réalisés par des metteurs en scène différents (les plus grands s'y sont collés à l'époque, dont Jean-Luc Godard, plusieurs fois), ou, comme ici, par le même réalisateur. Fantasmes est un film qui revisite de manière totalement loufoque le thème de Faust. L'ensemble est assez inégal, allant de l'excellent, notamment la séquence dans le couvent qui annonce l'esprit des Monty Python, ainsi que tout ce qui concerne les déboires du diable, fort mal servi par une équipe composée de sept péchés capitaux, au franchement quelconque, par exemple la séquence à la fête foraine avec Avarice et Gourmandise. La célèbre séquence avec Raquel Welsh, un des sex-symbol à l'époque, interprétant Luxure, séquence qui se retrouve sur l'affiche du film bien qu'elle ne dure que quelques minutes, est aussi particulièrement indigne du talent de Stanley Donen, réalisateur de plusieurs chefs-d'œuvre, dont Chantons sous la pluie.