Distribué en France six ans après sa réalisation, le film a été affublé, par des distributeurs peu scrupuleux, d'un titre complètement absurde, destiné à surfer sur la vague déclenchée par le succès de L'Exorciste de William Friedkin. Complètement absurde, car il n'y a aucun exorcisme, aucune « longue nuit », et même absolument rien de surnaturel dans ce thriller, si ce n'est la présence d'une « sorcière » et d'un « sorcier », auxquels croient uniquement des villageois arriérés et superstitieux. Le seul point commun aux deux films reste seulement l'idée, mise en lumière par Freud, que la sexualité c'est le diable qui s'introduit à la puberté dans les enfants pour les pervertir. Fulci signe ici un faux « giallo » très original qui se déroule entièrement dans un petit village d'Italie du Sud où ont lieu des meurtres d'enfants apparemment inexplicables. Tout le début du film, avec l'arrivée des deux putains itinérantes, qui fascinent les enfants et l'idiot du village, fait penser à un film de Fellini. Fulci n'y va pas de main morte dans sa description d'une Italie profonde, superstitieuse, bigote et arriérée. Sur ce point, la manière dont est filmée cette incroyable autoroute, construite sur d'immenses pylônes, qui serpente au-dessus du paysage est révélatrice de la civilisation qui passe juste à côté du village mais ne s'y arrête absolument pas et reste indifférente à ce qui s'y passe, comme en témoigne la scène, superbe, où la « sorcière » agonise sur le bord de la route sans que personne ne la remarque ou ne s'en soucie. L'auteur s'est inspiré des travaux d'un ethnologue italien, Ernesto de Martino, « Italie du Sud et magie » (publié en France chez Les Empêcheurs de Penser en Rond) et il emprunte même à ce livre la description d'un « sorcier » pour le personnage interprété par Georges Wilson. On a beaucoup critiqué la célèbre scène du lynchage de la sorcière par les villageois du fait de sa violence, de son côté « gore », alors que cette violence est, pour une fois (car ce n'est malheureusement pas toujours le cas avec Fulci), parfaitement justifiée et nécessaire. Car elle indique que les monstres véritables, ce sont les villageois. Fulci signe sans doute ici son meilleur film, une sorte de giallo atypique et ethnologique et montre, s'il en est encore besoin aujourd'hui où, par exemple, les Cahiers du Cinéma peuvent lui consacrer dix pages (n°733 mai 2017), qu'il peut être un auteur.
Attention spoiler
On peut juste regretter la dernière séquence qui, même si elle veut sans doute symboliser que derrière le visage d'ange du curé se cache un monstre hideux, reste assez mal faite et ridicule. Les éditions Le chat qui fume ont édité le film dans une copie splendidement restaurée et assortie d'une pléiade de bonus dont notamment une analyse de Jean-François Roger, directeur de la programmation de la cinémathèque française, et d’Olivier Père, directeur de la programmation d'Arte.