Un anniversaire pas si fantastique

Après London House, place à Fantastic Birthday. Alors que le thriller psychologique était sous influence Polanskienne, celui-ci est dans un ton Wes Andersonien. Ils ont comme point commun d'être des premiers films mis en scène par des réalisateurs ayant grandi avec les œuvres de leurs illustres aînés. Détail amusant, la réalisatrice se prénomme Rosemary, comme dans Rosemary's Baby, cela n'est-il pas truculent?

Le film débute sur un plan fixe, lors du premier jour de notre héroïne Greta (Bethany Whitmore) dans sa nouvelle école. Elle est seule, assise sur un banc et Elliott (Harrison Feldman) vient à ses côtés pour faire sa connaissance en lui proposant d'être son ami. Pendant ce temps en arrière-plan, la vie des adolescents(es) suit son cours en arborant le même uniforme jaune et rouge. Puis la caméra change de direction et on se retrouve face à Jade (Maiah Stewardson) et ses sœurs jumelles Amber (Grace Dawson) et Saph (Fiona Dawson). Elle lui demande de rejoindre sa bande, car elle a flashé sur elle. Ce sont des filles populaires et sophistiquées, alors qu'Elliott est un peu un être à part. C'est plein de petits détails amusants, cela ressemble à du Wes Anderson.

C'est un conte de fée moderne se déroulant dans l'Australie des années 70. On pourrait résumer le film de cette manière, mais c'est aussi un regard différent sur le passage à l'adolescence. La fête d'anniversaire doit marquer ce moment unique dans la vie de chacun. La jeune fille est introvertie et ne veut pas de cet événement, mais face à sa mère au foyer Janet (Amber McMahon) s'ennuyant dans son couple et nostalgique de sa jeunesse perdue à tout jamais, elle finit par céder. Les invités et cadeaux affluent, tout semble se dérouler à merveille et on va même assister à une sympathique chorégraphie sur You Make Me Feel de Sylvester. Sauf que la violence des rapports lors de l'adolescence va gâcher ce moment de joie et plonger Greta dans un profond désarroi. Elle est à la croisée des chemins de sa vie future et va devoir définir la personne qu'elle veut devenir. Son univers est chamboulé face à l'attitude des autres adolescentes, de son ami, de ses parents et du jeune homme la convoitant du regard.

C'est à ce moment-là, que le film perd de son élégance. Les rêveries fantasques en carton-pâte ne font par rêver. Certes, le budget est infime et les intentions sont bonnes, mais c'est tellement peu séduisant visuellement, qu'on prend du recul face à ce bordel mal organisé. Les défauts ont parfois leurs charmes, mais cela ne fonctionne pas durant cette période. Les questions sur le futur de Greta reste intéressante : veut-elle être une connasse superficielle comme les trois sœurs ou rester une personne gentille et humaine? C'est assez clair, mais la magie ne fonctionne plus. Un film changeant de ton en cours de route, ce n'est pas désagréable, bien au contraire. C'est juste que la forme ne convainc pas.

C'est une demi-réussite. Le début était prometteur, mais cela se perd dans des considérations visuelles peu envoûtantes. On a l'impression d'être devant deux films différents. D'un côté, avec un travail sur le détail style Wes Anderson, même si c'est souvent gratuit comme le garçon avec ses jumelles dans les buissons. D'un autre, une sorte de Peter Jackson du pauvre, période Bad Taste, Brain Dead et Créatures Célestes. Un mélange peu ragoutant.

On retiendra le père ringard, mais drôle. Les découvertes Bethany Whitmore et Harrison Feldman. La magie discrète des bois du début. La chorégraphie et le défilé des invités. Les bonnes intentions et la fin. Avec un budget plus conséquent, la réalisatrice Rosemary Myers a les moyens de nous surprendre, si elle se créait sa propre identité visuelle, à suivre.