What a girl to do
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En Australie, tout ou presque se décide dans le backyard, à la fois espace privé et lieu de l'interaction sociale, où l'on invite les amis et les voisins à partager bières et grillades. La barrière de ce jardin familial sépare le familier du méconnu, l'ici domestique de l'ailleurs.
Rosemary Myers mobilise ici le fantastique pour faire de cette barrière la frontière vers un inconnu que va devoir explorer Greta pour accepter de grandir. Sans doute, les arbres sombres d'où vont surgir des créatures étranges mais vaguement familières figurent aussi bien l'inconscient de la jeune fille : difficile de ne pas penser, au passage, à Max et les maximonstres.
La métaphore spatiale rappelle une réalité simple mais décisive : l'adolescence est une rupture spatiale autant que temporelle, physiologique ou sociologique. Période de confusion, d'une transformation à la fois décisive et banale, profonde et imperceptible, elle passe par un changement de regard sur les individus et les lieux qui nous entourent, et les souvenirs qu'ils renferment.
Avec ses mélanges de jaune, de brun et de rouge, le grain de la photo, ce passage de l'autre côté du miroir évoque beaucoup Wes Anderson, quelque part entre le kitsch assumé, le second degré et la patine des souvenirs nostalgiques. Dans cette esthétique hors du temps, la légèreté camoufle un propos aussi intelligent que sérieux et, comme chez Anderson toujours, l'émotion émerge de cette tension. On ressort ravi et ému, en fredonnant Sylvester.
Au passage, le film n'est pas si hors du temps que ça et prend le temps d'interroger ce que c'est d'être une adolescentE et de devoir - ou pas - jouer le rôle qui nous est assigné en tant que jeune femme. Le temps d'un échange de costumes, le film bouscule - doucement - les stéréotypes de genre.
Plein d'idées de mise en scène, intelligent et drôle, Girl Asleep n'a pas volé le Grand prix du jury du festival de Seattle.
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Créée
le 31 juil. 2016
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