Mince alors, à l’orée de mon 30ème anniversaire, serai-je donc déjà devenu un gros beauf pour autant apprécier voir des prostituées se déhancher sous l’oeil de la caméra avant de se faire poinçonner par un tueur masqué, ou bien suis-je simplement un pervers détraqué ? Les deux mon capitaine ! Mais il faut tout de même rendre à César ou plutôt à Roman Nowicki à qui l’on doit la paternité de ce film que s’arrache tous les bisseux de mon espèce en voie de disparition. Un mystère plane cependant sur sa véritable origine, et ce qui participe également à renforcer l’aura de ce Fantom Killer 3. En effet puisque le réalisateur veut absolument nous faire entendre que sa provenance vient bien de Pologne au point de coller des posters de l’Aigle Blanc dans chacun des intérieurs du long-métrage. Difficile de juger les dialogues parfois inaudible surtout quant on ne parle pas un traître mot de polonais, heureusement c’est sous-titré car ce serai bien dommage de se priver de telles envolées lyriques et puis il y a ces musiques entêtante digne d’un porno qui vienne renforcer cette sensation d’être effectivement dans une production salace d’Europe de L’est, excepté que l’intégralité de la saga a été tourné en studio, que les voies semble avoir été redoublés en post production avec un décalage audio parfois troublant ou bien que le volant des voitures se trouve à droite. Surprenant, d’autant que si on en croit les rumeurs sur internet, Roman Nowicki pourrait être le pseudonyme d’un anglais qui ne voudrait pas compromettre sa véritable identité, franchement on se demande pourquoi. Tout concorde en tout cas à rendre le show assez surréaliste d’autant qu’il emprunte ses influences aux Giallos de Dario Argento.
L’histoire démarre sur les chapeaux de roues, enfin façon de parler, car il s’agit surtout de filmer une blonde plantureuse aux seins siliconés se dénuder et prendre la pause durant un shooting photo en pleine nuit dans la forêt avant que le Fantom Killer ne vienne la suriner à grand coup de lame rétractable contre le capot d’une Volkswagen. Visuellement c’est plutôt stylé avec des jeux d’éclairages Argentesque, le montage s’avère suffisamment incisif et téléscopé pour tenter de jouer dans la cour du 78/52 de Psychose, et les gros plans sur la poitrine contrefaite ne manque pas à la fête. Honnêtement, vu le prix du DVD sur le marché de l’occaz’ ça aurai été bien dommage, mais le meilleur reste encore à venir avec la séquence suivante, mettant aux prises une stripteaseuse et deux mécanos lourdingues qui lui balance des répliques cochonnes bien ambiguë tout en matant son cul. Bref, comme la donzelle ne peut pas payer les réparations de son véhicule, les deux dépanneurs la contraignent à se dessaper sous peine d’alerter les autorités, ce à quoi elle se résigne après un bref séjour dans un toilette aussi accueillant que celui de Trainspotting. Je vous passe les détails, mais après la séance de danse privée, les deux hommes veulent aller plus loin, du coup la situation dégénère, et on se tape un duel épique à coup de tronçonneuse et de barre de fer. Non content de les avoir démembrer, la gogo danseuse va même les renvoyer direction l'enfer en les faisant mourir une deuxième fois. D'habitude ce sont les corps calcinés des joggeuses qu'on retrouve dans la forêt, mais ici ce sont ceux des mécanos. À une paire de nichon près, on pourrait presque parler de film féministe.
Parfois, Il suffit de pas grand-chose pour diffuser une atmosphère et faire illusion, quelques colonnes corinthiennes dressés au beau milieu d’un sous-bois, 2 ou 3 tombes disséminés dans le décor ainsi que plusieurs projecteurs de couleurs avec un peu de fumée et le tour est joué, ne manque plus qu’une victime toute nue poursuivi par un maniaque vêtu d’un chapeau et d’un trench de la Gestapo pour que l’onirisme se mettent à décoller. Une mention également à la séquence du club de strip-tease qui a eu le mérite de m’hypnotiser les deux fois où je l’ai regardé grâce au montage et à son loop sonore psychédélique avec des gros plans malaisant sur le visage des deux enquêteurs qui courent sûrement encore après le coupable à cette heure. Quant au Fantom Killer en lui-même, on dirait Rorschach de Watchmen en plus cheap, d’autant qu’il équarri pour une noble cause, celle de mettre à l’amande tous les représentants de l’industrie du sexe qui pervertissent notre société. Il s’avéra finalement qu’il ne s’agit que d’une pâle imitatrice qui veut baiser toute la concurrence pour devenir la dernière pute sur le marché avant que le long-métrage ne bascule définitivement dans le fantastique. Est-ce que je regrette d’avoir mis autant d’argent dans ce DVD ? Absolument pas, quoi que je ne sais plus vraiment… à dire vrai, je vais peut-être bien me le mater une 3ème fois avec une bonne Despé, histoire d’en être tout à fait certain.
Si toi aussi tu es un gros frustré qui en a marre de toutes ces conneries, eh bien L’Écran Barge est fait pour toi. Tu y trouveras tout un arsenal de critiques de films subversifs réalisés par des misanthropes qui n’ont pas peur de tirer à balles réelles.