Tout juste auréolé du succès critique de son magnifique "Heavenly creatures", Peter Jackson gagne son entrée à Hollywood par le biais de Robert Zemeckis et de Universal qui lui commandent un petit film pour Halloween, en échange de quoi le papa de "Braindead" pourrait songer à porter son rêve de gosse sur grand écran: une relecture personnelle de "King Kong". Si Jackson jouit d'une liberté relative lui permettant de signer lui-même le scénario avec sa compagne Fran Walsh et de tourner dans sa Nouvelle-Zélande natale, l'échec retentissant du film tuera dans l'oeuf son beau projet, Universal préférant finalement mettre en chantier "La momie".

Parfait mélange de "Ghostbusters" et de "Beetlejuice", "The frighteners" est bien la preuve qu'il est possible de transcender une simple commande purement mercantile, d'apposer sa patte sur un projet qui n'est pas le nôtre. Dosant adroitement humour et frissons, Peter Jackson trouve ici le terrain de jeu idéal pour s'adonner à ce qu'il fait le mieux: l'épouvante outrancière et le burlesque.

Train fantôme goguenard de plus de deux heures, "The frighteners" est une petite bombe jouissive aussi drôle qu'imaginative, sans aucun temps mort, bénéficiant à la fois d'un scénario solide, d'un casting impeccable et d'effets spéciaux qui ont étonnamment bien résisté aux ravages du temps, surtout si on les compare à la concurrence de l'époque (voir même actuelle).

Prenant le temps de creuser un minimum ses personnages, Peter Jackson nous offre une galerie de portraits hauts en couleurs, aussi attachants que monstrueux, montrant l'humain comme étant finalement bien plus dangereux que tous les ectoplasmes du monde. Autour d'un Michael J. Fox impeccable et inattendu loin de ses rôles habituels, gravitent d'excellents seconds rôles dont on retiendra tout particulièrement ce bon vieux John Astin en fantôme décrépi et surtout l'immense Jeffrey Combs, ici complètement déchaîné en agent fédéral psychotique.

Mis en scène avec un sens du timing exemplaire, aussi spectaculaire que gentiment flippant, étonnamment déviant quand il s'attarde sur une histoire d'amour meurtrière et contre-nature, "The frighteners" est une petite pépite euphorisante encore plus délirante dans sa director's cut.
Gand-Alf
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ces films qui me donnent la pêche., Gand-Alf and Emma Peel's Excellent Bluraythèque., Le cinéma de mon adolescence., J'ai vu de la lumière, alors... et Eject !

Créée

le 14 avr. 2014

Critique lue 1.8K fois

44 j'aime

6 commentaires

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

44
6

D'autres avis sur Fantômes contre fantômes

Fantômes contre fantômes
cinemusic
9

Ghostkiller!

Un ancien architecte,Franck Bannister, est devenu médium suite à un accident qui a causé la mort de sa femme.Il a la capacité de voir et communiquer avec des fantômes.Avec certains d'entre eux,il...

le 14 janv. 2018

22 j'aime

4

Fantômes contre fantômes
LeTigre
8

Un tueur parmi les fantômes !

Fantômes contre fantômes est un long-métrage sincère et qui va directement droit au but. Soutenu par les producteurs des studios d'Universal, Peter Jackson profite de cette occasion...

le 10 nov. 2017

20 j'aime

3

Fantômes contre fantômes
Behind_the_Mask
9

♪ There's somethin' strange, in the neighborhood... ♫

Peter Jackson, c'est une filmographie qui oscille entre les petits budgets des débuts, au ton frondeur, comique et gore et les blockbusters maousses, du Seigneur des Anneaux au Hobbit en passant par...

le 1 déc. 2015

20 j'aime

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

269 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

212 j'aime

20