C'est le sourire aux lèvres que j'écris cette critique après une séance décomplexée qui fait plaisir. Far west story où quand la comédie à l'italienne s'empare des codes arides du western pour nous offrir un pur moment de cinéma. On est en présence d'un défouloir massif dans lequel Corbucci s'amuse et se sert de la fougue communicative du génial Milian pour nous trimbaler dans un road movie énervé où seul le couple vedette du film est autorisé à tous les excès.
Mais sous ses airs de fable burlesque, Far west story est surtout un très beau portrait de femme, exagéré certes, mais qui se révèle sur la fin être plus complexe qu'il n'y parait. Le film revêt ainsi des allures de courses à l'émancipation féminine dans laquelle Bonny s'affranchira d'un Clyde machiste à l’extrême pour inverser complètement les rôles de domination qui s'étaient installés entre les deux tourtereaux. Milian est d'ailleurs parfaitement à l'aise dans ce rôle de vieux loup solitaire extrêmement machiste, il le joue a la perfection, comme les italiens savent si bien le faire sur le ton de la comédie, ce qui enlève immédiatement au film toute tonalité sérieuse. Dès les premières scènes (Milian qui tête la vache ) on comprend où veut nous emmener Corbucci et surtout on saisit ce côté léger qu'il veut insuffler à son film. C'est dans cet esprit bon enfant que se succèdent des dialogues aux petits oignons qui dérideront les plus sérieux d'entre nous. Il y a matière à remplir un bouquin de punchline bien fleuries, quasiment toutes sorties avec aplomb par l'amplificateur comique qu'est Milian.
Corbucci oblige, c'est filmé avec classe. L'homme livre son quota de plans joliment composés et nous gratifie d'une bande son qui cartonne, comme pour nous rappeler qu'il fut une époque où l'ambiance musicale des films étaient jugées importante. L'ambiance était donc posée, il ne lui manquait plus que des acteurs à la bonne humeur communicative pour que la sauce prenne. Milian apporte au film son charme unique, ce côté fanfaron naturel qui imprègne Far West Story d'une sympathie immédiate. Susan George est également bien inspirée et campe une Bonny à l'italienne qui ne manque pas de charme ni de caractère. Si elle se fait quand même quelque peu éteindre par le charisme de Milian, elle réussit à se faire sa place comme personnage central de l'histoire, pièce de voûte du film, en témoigne cette ultime séquence qui lui donne enfin le pouvoir.