Je sais que qualifier Farang de The Raid à la française part très souvent d'un bon sentiment.
Cependant, ce n'est pas rendre service au film que de le comparer avec un sommet inatteignable du genre, avec toutes les promesses qui peuvent en découler et qui ne pourront à l'évidence pas être tenues en termes d'intensité.
Car Farang est très loin de l'action non-stop portée par la folie furieuse de Gareth Edwards en 2011. Et qu'il faudrait plutôt se référer à la gestion des séquences de baston de la série Gangs of London pour se faire une idée plus réaliste de ce qui est proposé.
L'oeuvre se montrera par ailleurs beaucoup plus proche d'un revenge movie, proposition qui a plutôt tendance à atterrir, de nos jours, sur les diverses plate-formes de vidéo à la demande afin de combler les trous d'un catalogue censé appâter le chaland.
Le simple fait que Farang ait pu se frayer un chemin dans nos salles obscures sera donc à saluer. D'autant plus que l'opus offert par Xavier Gens vaut plutôt sacrément le coup.
Il sera tout d'abord salué que le récit, qui dure moins de quatre-vingt dix minutes, a été totalement dégraissé de toute intrigue parasite, se focalisant uniquement sur l'horizon d'un homme à qui toute seconde chance est refusée dès les premières minutes du film, que ce soit sous le ciel plombé de Fresnes, image du déterminisme, ou sous le soleil souverain de la Thaïlande qui varie entre plage, mangrove et hyper urbanisme.
Xavier Gens s'attache à ce que la caméra et les images qu'elle capture traduise constamment l'état d'esprit de son héros, le réalisme des murs de la cité s'effaçant peu à peu au profit de la moiteur palpable de l'atmosphère d'un pays qui l'a anonymisé, puis des couleurs des néons épousant les reliefs de sa transe vengeresse que n'aurait pas renié Irréversible.
L'action, quant à elle, se montre sèche et explosive, parfaitement chorégraphiée et volontiers gore. Toujours lisible, épousant les à-coups et les reprises de respiration, elle s'empare de l'aspect viscéral des empoignades.
Et même si l'odyssée ne réserve pas de grandes surprises, elle ne manque cependant pas d'ambition dans la description de sa descente aux enfers et des sentiments de son personnage principal dont le charisme dévore l'écran.
Une telle proposition dans le cadre du cinéma de genre made in France ne peut être que soutenue et surtout, ardemment défendue.
Behind_the_Mask, streets of rage.