Fargo
7.7
Fargo

Film de Ethan Coen et Joel Coen (1996)

En grand fan juvénile de Steve Buscemi, j'ai découvert "Fargo" à l'âge de treize ans et le verdict fut sans appel: je me suis fais chier comme un rat mort, n'y trouvant pas la violence décomplexée que je cherchais. Devant les encouragements de mon frère ainé qui jurait sur le calendrier de Kim Basinger que "Fargo" était, je cite: "un film de puta madre", j'ai retenté ma chance une petite poignée d'années plus tard et là, la lumière me saute à la gueule: oui, "Fargo" est bien "un film de puta madre".

Tout ce que vous verrez dans "Fargo" est vrai. Sauf que non en fait. Parce que "Fargo" est une vaste blague, la contribution goguenarde des frères Coen au film du dimanche soir adapté de faits réels. Un attrape-couillon de génie qui nous a tous bien eu, nous autres spectateurs qui ne demandions qu'à croire à cette histoire tellement improbable qui pourtant arrive pratiquement tous les jours quelque part dans le monde.

"Fargo", c'est avant tout du blanc. Un blanc immaculé qui fait mal aux yeux, une immensité désertique que viendra souiller une infime nuance de rouge allant s'élargissant jusqu'à remplir entièrement l'écran. Du rouge mêlé à du noir, la noirceur du monde, la noirceur des hommes, la noirceur d'un humour fracassant nous poussant à un rire presque coupable tellement tout cela est à la fois atroce et complètement absurde.

"Fargo" est également une plongée vertigineuse dans le monde merveilleux des ploucs. Les ploucs dans toute leur flamboyance et leur diversité. Nous découvrons le plouc paumé, le plouc égoïste, le plouc sanguinaire, le plouc à la bienveillance stupide, le plouc trop gentil pour ce monde. Et au milieu de tous ces ploucs, il y a Marge et son mari Norm. Un Bisounours en cloque jusqu'aux dents magnifiquement campé par Frances McDormand, l'anti-thèse d'un Dirty Harry. Mais un Bisounours qu'il ne faudra décidément pas faire chier. Car ce Bisounours a tout compris à l'existence et bordel, on l'aime ce Bisounours ! On ne veut que son bonheur car elle représente l'espoir. L'espoir d'un monde qui ne tournerait pas uniquement autour du pognon. On peut toujours rêver mais grâce à ce Bisounours, on y croit.

Prix de la mise en scène à Cannes, "Fargo" est un putain de chef-d'oeuvre, une bombe aussi terrifiante qu'hilarante, le summum du film noir, une merveille de mise en scène portée par un casting absolument grandiose et une bande son inoubliable, une fable morale d'une cruelle ironie à voir et à revoir sans retenue.

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le 21 mai 2014

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Gand-Alf

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