Avec des dialogues d'une profondeur à donner le vertige, un humour en apparence léger mais véritablement dévastateur, les frères Coen s'en prennent aux ploucs du middle west et à la connerie humaine avec toute la finesse qu'on leur connait. Car tous les personnages sont d'une connerie énorme mais totalement crédible. On reconnait tous les genres, de la gentille connasse au méchant con, en passant par le pauv' con ou le sale connard, toutes les qualités humaines... Tous sont cons...
...Tous sauf le sheriff, joué par une "énorme" Frances McDormand, et je ne parle pas de son ventre. Elle remplit tout le film. Voilà une actrice qui a bien mérité son oscar.
Marge Gunderson a épousé un enfant du pays et pratique l'enfilage de phrases creuses ou les considérations météorologiques oiseuses à la mode locale, mais elle connait son métier et sait interpréter les indices. Sous des airs de péquenaude ahurie, c'est une fine mouche opiniâtre qui sait ce qu'elle fait. Même ses relations avec son mari (un brave con) sont un régal de finesse.
Les autres acteurs ne sont pas en reste. Chaque geste, chaque regard est juste. La réalisation est peaufinée jusque dans les moindres détails. C'est un film totalement abouti.
Les méchants sont des pieds nickelés. On a l'habitude de considérer que les imbéciles ne sont pas dangereux, ce n'est pas l'avis des frères Coen. Il n'y a rien de plus dangereux que les cons. Ils nous le prouvent dans cette mortelle randonnée pour une poignée de dollars.
Audiard nous le disait déjà: "Les cons ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnait."
Cette année-là, Juliette Binoche a obtenu l'oscar du meilleur second rôle féminin dans "Le patient anglais", alors qu'elle apparaissait plus longtemps à l'écran que Christine Scott-Thomas (1er rôle). Elle a eu de la chance, si elle avait été nominée pour le 1er rôle, elle serait tombée face à Frances McDormand...