Fargo est l'un des plus gros succès des frères Coen, rapportant plus de 60 millions de dollars pour un budget de 7 millions, et se distinguant par deux Oscars, dont celui du meilleur scénario original.
Dans l'hiver rugueux du Nord des Etats-Unis, Jerry Lundegaard établit un plan pour se faire de l'argent au détriment de son beau-père, un riche industriel. Avec leur mise en scène très soignée et travaillée, accompagnée de la photographie terne de Roger Deakins, les frères cinéastes réussissent parfaitement à faire de ce film policier un thriller froid où la neige quasiment omniprésente devient un personnage à part entière. Une ambiance glaciale règne, aussi bien entre les personnages qui ont pour la plupart des relations neutres voire antipathiques (cela se ressent dans les dialogues cassants), que par les paysages blancs et immaculés qui entourent le récit. Les bons sentiments n'ont pas leur place dans cette histoire, seul le personnage principale, la policière Marge Gunderson bien interprétée par Frances McDormand, se démarque du lot. Elle est à l'opposée des autres personnages, s'étonnant de leurs réactions et actes, et attendant un enfant, signe d'espoir et d'amour.
Dans ce contexte si peu chaleureux, propice au suspens, les réalisateurs de The Big Lebowski ne parviennent cependant pas à en tirer parti. Même si le film commence bien, aucune réelle tension ne s'installe au fil des minutes qui passent. Le récit devient alors juste sympathique à regarder, quand des longueurs ne le perturbent pas. Les acteurs y mettent pourtant du leur, Steve Buscemi et William H. Macy offrant une performance tout à fait honorable. Même Carter Burwell, une nouvelle fois à la baguette, compose une bande originale efficace qui ne parviendra néanmoins pas à dynamiser le récit.
Fargo et au final un film policier avec un très bel emballage qui renferme un cadeau décevant. Comme on dit, c'est le geste qui compte.