Trois carrés noirs sur fond blanc
Fargo est l'ascension criminelle fulgurante de deux imbéciles, couple miroir de celui de De sang-froid, Perry et Dick.
Fargo est la chute inéluctable d'un homme sans histoires, et sans histoire, oserais-dire, auquel personne ne se serait intéressé, s'il n'avait eu tant de problèmes d'argent. Un alter ego de Jean-Claude Romand, dans L'adversaire.
Fargo est un film noir à l'ambiance ouateuse, dont la neige d'un blanc immaculé, reste le meilleur témoin lorsqu'elle conserve des empreintes de pas et se teinte de rouge.
Fargo est une farce au goût amer, car, comme le dit Joel Coen : "On nous demande souvent comment nous injectons de la comédie dans le matériau. Mais il nous semble qu'elle est présente dans la vie. Regardez l'exemple récent de ces types qui ont fait sauter le World Trade Center. Ils avaient loué une camionnette pour préparer l'explosion, et une fois leur forfait commis, ils sont revenus à l'agence de location pour leur réclamer l'argent qu'ils avaient déposé. L'absurdité d'un tel comportement est en soi terriblement comique".
Et oui, tout ça pour "une poignée de dollars". De l'argent que certains ne dépenseront jamais et qu'un autre avait déjà perdu.