Fario
5.9
Fario

Film de Lucie Prost (2024)

Léo, jeune ingénieur brillant et fêtard vit à Berlin. Il rentre chez lui dans son village du Doubs pour vendre les terrains agricoles de son père récemment décédé, à une entreprise de forage de métaux rares.


Il retrouve sa mère, sa petite sœur, ses copains et son cousin, en désaccord avec le projet de mine. Rapidement, Léo observe d’étranges comportements chez les farios, ces truites à la jolie robe fleurie qui peuplent la rivière.


Le Jura a la côte en ce moment. Il était à l'honneur récemment dans Le roman de Jim. Vous le retrouverez le 11 décembre dans Vingt dieux et ici encore, il se prête admirablement à une histoire familiale, rurale et d'amitié. Mais la réalisatrice s'éparpille un peu et nous égare dans son récit où elle mélange sans les creuser suffisamment une multitude de sujets. Il y est question de la douleur d'un jeune homme adulte qui a encore un pied dans l'adolescence. On comprendra tardivement la raison de sa blessure secrète. Finnegan Oldfield porte avec beaucoup de grâce et de mélancolie ce personnage mais l'irruption du fantastique nous égare. Et on finit par ne plus savoir si ce qu'il voit est vrai ou le fruit de son imagination troublée par la prise de cocaïne qui devrait régler ses angoisses mais lui provoque des troubles érectiles. Pourtant, son amie d'enfance essaie de le rassurer "la bite, c'est très surfait. Vous les mecs vous êtes focalisés là-dessus alors qu'il y a plein d'autres façons de s'amuser".

L'histoire personnelle de Léo et la mutation des truites qui deviennent fluos et ont un comportement agressif à cause de ce que l'entreprise au bord de l'étang y déverse, se télescopent avec celle de ces jeunes gens qui se retrouvent autour d'un feu de camp pour fêter leur adolescence qui s'éloigne. Et le film, unfinished comme le précédent laisse une impression d'inachevé mais aussi de trop plein. Et j'ai récemment compris cette volonté qu'ont les réalisateur-rice-s de tenter de tout mettre dans leur premier film : ils craignent de ne pouvoir réaliser le deuxième. C'est compréhensible et assez triste.

Megan Northam que vous découvrirez prochainement (le 4 décembre dans un film choc parfois insoutenable, Rabia) est formidable. Et Finnegan Oldfield est magnifique dans la peau de ce jeune homme perdu, blessé et pourtant animé d'une volonté de sauver le monde. Ses cernes bleutés lui vont à merveille.

P.S. : Andranic Manet quant à lui confirme qu'il est selon moi le plus mauvais acteur actuel (mais qu'il a un très bon agent), et en plus ici il imite l'autruche... ça m'a achevée.

LaRouteDuCinema
6
Écrit par

Créée

le 30 oct. 2024

Critique lue 192 fois

LaRouteDuCinema

Écrit par

Critique lue 192 fois

D'autres avis sur Fario

Fario
Cinephile-doux
6

La rivière des truites

On critique souvent, et à juste titre, le côté démonstratif du cinéma français, pour ne pas souligner que Fario, le premier long-métrage de Lucie Prost, se démarque par une certaine finesse dans sa...

le 30 oct. 2024

2 j'aime

Fario
BenoitRichard
4

de la truite dans les idées

J’adore les truites, la source du Lison, la Franche-Comté en général et aussi l’acteur Finnegan Oldfield. Mais là, je dois dire que je n’ai pas trop marché à ce film qui, pourtant, réunissait tous...

le 2 nov. 2024

2 j'aime

Fario
Cellophane
6

Critique de Fario par Cellophane

Vu en avant-première et avec discussion, beaucoup n’ont pas été emballé, trouvant le film trop fouillis, éparpillés, abordant sans les traiter à fond trop de thèmes, avec des comédiens en...

le 9 oct. 2024

1 j'aime

Du même critique

Le Deuxième Acte
LaRouteDuCinema
8

Veux-tu m'épouser ?

Faire l'ouverture de l'un des plus prestigieux festival du monde ce n'est pas rien. Nul doute que la nouvelle folie de Quentin Dupieux en a dérouté et en déroutera plus d'un. Les commentaires à la...

le 15 mai 2024

23 j'aime

Jusqu’au bout du monde
LaRouteDuCinema
8

THE DEAD DON'T HURT

Vivienne Le Coudy d'origine canadienne et Hoger Olsen un immigré danois se rencontrent sur le port de San Francisco. Immédiatement ils se plaisent et Vivienne part vivre dans la cabane au milieu de...

le 1 mai 2024

16 j'aime

Inchallah un fils
LaRouteDuCinema
7

Critique de Inchallah un fils par LaRouteDuCinema

Nawal et son mari ont une fille et essaient d'avoir un deuxième enfant. Bien que jeune, le mari de Nawal meurt dans son sommeil. Cela se passe à Amman de nos jours en Jordanie.Le temps des...

le 15 oct. 2023

15 j'aime

1