La vie quotidienne d'une famille du Rouergue sur l'espace d'un an. Automne, hiver, printemps, été, automne. Trois générations sous le même toît. Le père est vieux et la maison fissurée, trop petite pour tout le monde. On hésite entre prendre l'électricité (il faut l'accord du voisin, qui aimerait bien qu'on paie à sa place) ou agrandir la maison. Le fils aîné va même tailler des pierres, en prévision de la construction de l'annexe.
Un soir d'hiver, le père raconte aux petits-enfants l'agrandissement de la ferme sur trois générations. Mais aux moissons, l'aîné se fait mal : on ne fera pas la nouvelle maison cette année. En revanche, l'électricité arrive. Frustration du cadet, qui rêve de partir à la ville avec une fille du coin. Le père décide de céder son patrimoine. Il meurt après. Mais la vie continue.
Ethnographie d'un monde étranger, aujourd'hui disparu : celui de nos arrière-grands parents paysans. Rien qu'à regarder le film, il est difficile de les comprendre quand ils parlent. La parole est rare, rocailleuse, claque sèchement. On ne comprend pas tout, au point que des sous-titres ne sont pas superflus.
Le film est une reconstitution : ce sont des saynettes courtes tournées par des paysans du cru : le repas, la prière du soir, la préparation du pain, l'arrivée de l'électricité, le retour de l'école, les menus incidents. Un monde où rien n'est gâché, tout peut resservir à quelque chose. Un monde lourd, aux tâches abrutissantes, mais à la douceur élégiaque. Oui, ne vous attendez pas à une forte analyse sociale, ici c'est la reconstitution du cadre matériel qui prime. Et attendu que ce sont des locaux qu'on filme en train de reproduire leur quotidien, difficile de dire que le film ne sonne pas vrai. Il y a même des funérailles à la fin.
Cela dit, le film est sans doute moins cru que ce que devait être la réalité (à comparer avec La terre de Zola, où sexualité rampante et flatulences sont omniprésentes). Rien sur la promiscuité, la difficulté d'avoir une vie privée, par exemple. Mais bon, c'est fait pour pouvoir montrer aux enfants : gamin qui joue avec son chien, etc...
Montrez ce film à vos amis hipsters-ultra-hygiénistes : pour eux, il s'apparentera probablement à un film d'horreur. Leur réaction devrait valoir le coup d'oeil.
Farrebique est la reconstitution de ce que nous avons perdu, otages que nous sommes désormais de la grande distribution et de la technologie, y compris pour avoir une vie sociale. C'est une capsule temporelle salutaire et indispensable. Car il est bon de se souvenir d'où l'on vient.