Après un Tokyo Drift original mais pas franchement réussi, Justin Lin rempile avec cette fois un quatrième épisode qui se présente alors en réalité comme une suite alternative au premier, zappant complètement 2 Fast 2 Furious de son intrigue avec Bryan de retour en uniforme de flic, hautement improbable vu la fin de 2 Fast 2 Furious. Mais est-il possible de recoller les morceaux autant d’années après ? C’est le défi qui est courageusement relevé ici.
L’intro est vraiment top, reprenant l’idée du premier mais avec une mise en scène, un humour et un aspect grand spectacle bien supérieur à son modèle. Le petit clin d’œil à Tokyo Drift est amusant et ne mange pas de pain, bien que Han grignote depuis un moment visiblement. L’élément perturbateur vient très vite lancer avec efficacité le scénario. Les personnages de Bryan et Dom sont bien respectés et tous les deux charismatiques dans leur registre. L’intrigue en elle-même n’a rien d’extra-ordinaire mais l’antagoniste qui l’alimente est pour moi le meilleur à ce moment-là de la saga.
Jusque là tout va bien, la réalisation est également très bonne, même mieux que Tokyo Drift qui a sûrement servi d’entraînement à Justin Lin. La première course donne le ton en étant un mélange de vitesse, de street race et de drift, comme si le meilleur des films était condensé avec un petit clin d’œil aux jeux vidéos de course en la personne du petit GPS, son interface, des indications sonores, le fait qu’il ne prenne pas en compte le hors-piste... Celle dans les tunnels à la frontière est également bien foutue, pas grand chose à redire à ce niveau.
Même avec des scènes d’action encore inexistantes pour ces films ça passe très bien comme la scène avec les fenêtres où Bryan choppe sa cible violemment alors que le montage suggérait qu’il se fasse avoir, ça a l’air de rien c’est une petite astuce de réal sympa à voir. Le flashback de Letty et Félix est justifié avec Dom qui analyse la scène après coup et qui en déduit ce qui s’est passé, plein de réals se contenteraient de balancer le flashback au détour d’une conversation sans raison. Donc plutôt bien écrit et bien réalisé jusque là, serait-ce un bon film ? Non, il y a quand même des ombres au tableau.
Les personnages féminins sont foiré, Mia est catapultée dans le scénario n’importe comment, ne sert à rien, à part la discussion au resto à peu près correcte aucune scène avec elle n’est réussie, je comprends même pas pourquoi ils l’ont foutu sur la jaquette du DVD, enfin si je sais c’est parce qu’elle était importante dans le premier mais là c’est hors-sujet. Gisèle ne sert que de faire valoir à Dom pour montrer qu’il reste fidèle à ses principes et que sous la carapace il est pas si dur que ça, donc là aussi c’est naze, il y a pas d’autres mots.
Autre chose qui me dérange c’est les valeurs portées et la façon dont elles sont véhiculées, des valeurs familiales, de loyauté et religieuses qui sont présentées comme positives presque sans aucune nuance ni subtilité, l’exemple typique c’est le cliché du méchant avec une faucille et un marteau tatoués sur la nuque sans aucune raison, moi ça suffit à m’agacer. Vous me direz que c’était déjà présent avant, oui peut-être mais dans une moindre mesure, surtout par rapport à Tokyo Drift qui avait le bon goût d’éviter ces écueils-là en plus d’alléger l’esthétique un peu vulgaire, ce que fait aussi ce quatrième épisode au moins.
Même si c’est un retour plutôt bon pour l’intrigue du premier épisode laissé vacant jusque là et même si le film est très bien réalisé, on a toujours pas un bon film, cette fois à cause du traitement manqué de certains personnages et de messages sous-entendus pas bien intelligents, c’est dommage parce que c’était vraiment pas la partie la plus dure à relever du défi sur-lequel ce film se plante.