Fast & Furious 5 par 0eil
Certes, Fast Five est une occasion rêvée de revenir aux sources. Changement de décors, enjeux qui claquent un peu plus et qui sont censés être là pour nous prendre aux tripes, avec, si ça ne suffisait pas, un Dawyne Johnson qui en veut et qui s'est laissé pousser le bouc pour l'occasion. Mais en vrai, Fast Five, c'est surtout l'unique solution pour répondre à deux questions laissées en suspens dans la franchise Fast & Furious. Deux zones d'ombre qui valent à elles seules que l'on puisse s'infliger les métrages à répétition. C'est parti.
La première concerne la relation entre Mia, soeur de Dom (subtilement incarné à l'écran par Vin Diesel) et Brian. Comment ce dernier va-t-il expliquer à cet être doué d'un amour presque obsessionel pour sa soeur que la demoiselle, lui, il ne se contente pas de la battre au Scrabble ? Et surtout, si aveu il y a, va-t-il y survivre ? D'autant que ce nouvel opus complique la tâche en ajoutant un élément de taille : ladite Mia est enceinte, et clairement, ce n'est pas simplement en ayant vu un film porno en 3D. Là, on sent que la tension va monter progressivement, puisque l'impudente a décidé, envers et contre tout, de le dire à son possessif grand frère. Sotte.
Evidemment, face à ce pivot dramatique, le second point peut paraître bien moins attrayant, mais ce serait ignorer la poésie qu'a encore le cinéma. Ces instants de lyrisme véritable, ils savent qu'ils ont un représentant, un fier acteur, en pleine possession de ses moyens, prêt à relever le défi d'un marché sclérosé par des productions médiocres. Et ce messie du Septième Art, c'est Tyrese Gibson. Pour ceux du fond qui n'auraient pas suivi, Tyrese est le rescapé in extremis de 2 Fast & 2 Furious, dont il était, il faut bien l'avouer, l'unique intérêt. L'homme revient et est, malheureusement, bien moins mis au devant de la scène. Toutefois, ce n'est que pour être plus intense dans les scènes où le malandrin est confronté à la caméra. Là, c'est du pur bonheur. A savourer en VF pour voir la performance soulignée par l'incroyable doublage : jamais un doubleur n'aura formé une telle symbiose avec un acteur. C'en est à croire que Tyrese s'est doublé lui-même en français. Et qu'il aurait écrit lui-même ses dialogues tant on sent qu'il est habité par ce personnage de Roman dont il a contribué à créer la légende.
Autour de lui, Vin et consorts, éclipsés, semblent être en pleine admiration. Même Ludacris, qui lui donne régulièrement la réplique, apparaît comme absorbé par l'aura implacable de Tyrese. Et pourtant, Dieu sait si Ludacris est très à l'aise en tant que comédien. Même Paul Walker, pourtant très habile dans sa composition de gros dur au regard de biche (morte), fait pâle figure. Que dire des secondes rôles, dans ce cas ? Retenons quand même le personnage de Zizi, incroyable, Lieutenant principal du grand méchant et incompétent notoire, dont l'unique capacité est de tenir un compte scrupuleux des hommes de main qu'il perd régulièrement au fur et à mesure du métrage, dans des scènes régulièrement grand guignolesque qui ressemblent plus à des parties de Left 4 Dead qu'à des fusillades avec des criminels des favelas.
Au final, que retient-on ? Si ce n'est ce passage de franche rigolade où Mia craque et lâche le morceau, ainsi que la composition absorbante de Tyrese Gibson et la plastique de Gal Gadot : les quelques scènes d'action plutôt sympas (même si, visiblement, la gravité ne s'applique pas quand elle peut nuire à la classe des héros). Un film qui ne peut même pas dire qu'il clôt réellement la saga (humpf) Fast & Furious puisqu'en prime, on nous bazarde un super teaser sur une supposée suite. Ces gens sont fous.