Imaginez un monde où des franchises comme Terminator ou Superman ne trouvent plus leur public mais où des teubés qui enchainent les cascades en bagnoles devient l'une des plus lucratives. Il aura fallu quand même attendre cinq films pour que ça défouraille vraiment et reparte logiquement dans le n'importe quoi. Mais on est là pour ça : pour que ça explose, que ça s'envoie des punchlines, des mandales et de la tôle froissée.
Après le départ de Justin Lin, remplacé par l'improbable James Wan, c'est au tour du yes-man F. Gary Gray de reprendre la franchise en mains, retrouvant pour l'occasion Charlize Theron et Jason Statham, qu'il avait déjà dirigés dans Braquage à l'italienne 14 ans plus tôt. Car oui, la recette de Fast & Furious, c'est désormais d'engager de grosses pointures à chaque film pour redorer le blason, avec donc ici le retour du Transporteur et l'arrivée de Furiosa dans la saga, l'un devenant un gentil et l'autre la bad girl de service qui balance des méchancetés sans bouger le cul de sa chaise comme une vilaine de James Bond.
Bien en deçà des précédents volets, Fast & Furious 8 perpétue la logique de l'illogisme en accentuant le n'importe quoi, en devenant un joyeux bordel plus proche de xXx que de Mission: Impossible. Et si on peut forcément rester abasourdi (ou éreinté, au choix) par l'enchainement de bêtises proposées dans un scénario intéressant mais qui semble avoir été écrit par un ado de 12 ans, force est d'avouer que les séquences d'action de ce huitième volet ne manquent pas d'originalité. Qui a déjà vu une course-poursuite sur la glace entre des voitures, un tank et un sous-marin ? Qui peut se tarir d'avoir déjà assisté à une pluie littérale de voitures ?
On en est là, à grappiller des idées de séquences improbables mais spectaculaires (pour beaucoup), à s’esclaffer devant des punchlines de gros bœufs et des fusillades over the top. Et même si F. Gary Gray n'a en soi pas une once de qualité de metteur en scène, il reste un faiseur relativement efficace, presque idéal pour ce type de saga burnée et débile. On est presque dans l'adaptation ciné de M.A.S.K. et c'est probablement pour ça qu'on prend ce malin plaisir à se faire liquéfier le cerveau devant un Dwayne Johnson qui rigole en se prenant des bastos de flashball et Jason Statham qui fait des pirouettes un bébé dans les bras.