Il faisait beau quand je suis entré avec ma fille dans ce petit cinéma de province où l'on projetait "Fast & Furious 9" en VF bien entendu (parce qu'au point où on en était, il fallait boire le calice jusqu'à la lie). Nous avions passé une belle après-midi dans un parc d'attraction local où les manèges rustiques et le public bon enfant reflétaient le soleil estival : la vie m'avait paru simple et lumineuse de nouveau, même s'il avait fallu - rappel de l'époque où nous vivons désormais - scanner un QR code pour que la porte du paradis s'ouvre devant nous. Ensuite, j'avais mangé une robuste andouillette bien de chez nous avec un petit Bourgogne franc du collier dans un restaurant que le patron avait gardé ouvert pour nous seuls. J'étais d'excellente humeur, et les deux heures et demi du film n'ont pas réussi à me gâcher cette belle journée de juillet. J'ai beaucoup ri quand les deux crétins sont allés dans l'espace, j'ai beaucoup aimé quand les héros jouaient avec leurs gros aimants, j'ai écouté avec bienveillance les refrains réguliers sur la famille en me disant que c'était quand même un chouette message pour ma fille. J'ai été surpris par la minute "méta" du film, quand les ahuris soupçonnent qu'ils sont en fait dans un film puisqu'ils traversent des choses insensées dont ils ressortent toujours indemnes. Je n'ai absolument rien compris à l'histoire, puisqu'il absolument clair qu'il n'y a absolument rien à comprendre. J'ai bien aimé le fait que les amis morts ne le sont jamais vraiment (je pense que dans le 10è volet, ils vont faire revenir "virtuellement" leur pote mort IRL). Et puis je me suis rendu compte que les courses de voitures seraient quand même moins fun dans quelques années quand on sera passé au "tout électrique" : de "fast and furious" à "slow and silent", il faudra de vrais metteurs en scène pour réinventer le genre. Ma fille et moi sommes ressortis en riant encore dans les rues vides où la lumière d'été baissait doucement. Tous les bars avaient déjà fermé : il devait déjà être plus tard que je le pensais.
[Ecrit en 2021]