Fast And Furious 3 c’est l’histoire d’un lycéen américain de 24 ans, expulsé vers le Japon après avoir eu un mot dans son carnet de correspondance. Le lendemain, il va au lycée (japonais), ne comprend absolument rien de la langue exotique parlée par sa prof, mais ce n’est pas grave, cela ne l’empêche en rien de communiquer avec les élèves de sa classe… qui parlent tous l’anglais américain de New York ! La vie est bien faite.

Asocial – il a dû partir des USA après une énième bagarre au volant – cela ne l’empêche pas de se faire plein de potes en moins d’une demi-journée au Japon. À la cantine, il rencontre le seul black de Tokyo, qui – attention, ce n’est pas du tout raciste – lui propose plein d’objets volés, comme un téléphone portable, des chaussures Air Jordan (bah oui, il est noir…), mais bizarrement, pas de drogue.

Le black se balade aussi avec un volant de bagnole sur le dos, donc, tout naturellement, quelques minutes plus tard, Brandon (appelons le héros comme ça, il est blond, il est musclé) se retrouve dans un parking avec plein de bagnoles hors de prix, et de pétasses qui ne sont là que pour montrer leur cul… FAF 3 (sic !) n’est donc ni raciste, ni sexiste. Jamais.

Brandon n’a pas de voiture, mais un mec qui ne le connait même pas lui prête sa caisse à 200.000 $ (pas mal de millions de Yens), no problem, on voit souvent de telles manifestations d’altruisme dans la vie de tous les jours. Surement parce que Brandon est très sociable… ah bah non, il s’embrouille avec un Yakuza à cause d’une meuf, et doit donc faire la course contre lui.

Une course de drift. C’est quoi le drift ? On le sait tous, mais Brandon, l’un des meilleurs pilotes underground des USA, ne le sait pas. On lui explique : il s’agit de faire la course tout en dérapant, et puis de toute façon, c’est bien connu, la densité de population au Japon est telle, qu’il n’y a aucune ligne droite dans ce pays. Alors Brandon dérape… mais il ne sait pas comment faire, parce que les voitures américaines n’ont ni boite de vitesse manuelle ni frein à main. Et peut-être même pas de freins tout court, ce qui explique par ailleurs qu’aux States, les routes vont souvent en ligne droite.

La situation est DRAMATIQUE. Le gentil Brandon « god bless america » va-t-il battre le méchant niakwé Yakuza fan de Hirohito ? TROP DE SUSPENS les amis !

Brandon casse la bagnole en percutant des murs. Rien à foutre que même Mme Michu saurait rouler correctement dans le parking de Roissy Charles de Gaulle, Brandon n’y arrive pas, conduire une bagnole avec des baguettes chinoises, c’est trop dur.

Défaite. Pearl Harbor. Bagnole cassée. Dettes. Brandon, vaincu et esseulé ?

Brandon a tout de même un allié dans toute cette histoire. Non, pas le black de Brooklyn avec un bandana, lui, il ne sert à rien dans ce film, mais au moins, les scénaristes ne le font pas mourir, parce qu’ils ne sont pas racistes. Brandon peut en fait compter sur le type qui lui a prêté la bagnole à 200.000 $ parce que bon, il ne lui en veut pas du tout de l’avoir un peu cabossé. Logique. Et même, il lui file une autre bagnole.

Alors Brandon apprend à drifter. Et il cabosse encore la nouvelle bagnole. Mais ça, ce n’est pas grave, parce que son nouveau meilleur ami est un Yakuza, et que des voitures, il en a plein. Et puis, Brandon travaille aussi pour son nouveau meilleur ami de toute façon : il recouvre ses créances, notamment auprès d’un sumo endetté, parce que bon, au Japon, il y a des Yakuzas, mais aussi des sumos. Et surtout, parce que les scénaristes doivent bien nous faire découvrir toute l’étendue de la culture japonaise, c’est dans le cahier des charges du film.

Alors voilà, Brandon récupère dans les 1.000 ou 2.000 dollars, de quoi acheter une demi-jante de Nissan Skyline. Et son nouveau meilleur ami est content de son travail, il n’a pas peur de ne jamais revoir sa thune. Pour arrondir ses fins de mois, Brandon vend aussi des gadgets à Shibuya avec son deuxième meilleur pote (le black). Après un dur labeur, il peut carrément se payer DEUX JANTES de Nissan Skyline… euh, enfin, pas tout à fait, mais ça doit bien faire 4 jantes de Renault Twingo, voire un peu plus. La fortune.

Puis Brandon apprend à drifter en trois jours seulement. Avec un tel talent, il pourrait devenir champion du monde WRC, mais voilà, il préfère continuer à drifter dans des parkings un peu sombres, tout en piquant la meuf du Yakuza fan de Hirohito, alors même qu’il y en a de bien plus jolies tout autour de lui, parfaitement consentantes qui plus est. Une allégorie de l’impérialisme américain, j’en suis sûr. Fast and Furious 3 est un film engagé.

Après, ça part en couille. Hirohito junior se fait recadrer par Hirohito sénior, son oncle Yakuza, accessoirement oyabun avec des poils au menton, car ce dernier découvre que le nouveau meilleur ami de Brandon l’arnaque. Alors Hirohito junior, humilié, fait une descente avec un pistolet automatique afin de récupérer sa thune, et accessoirement, sa meuf. Problème : il est japonais, donc il ne sait pas se servir d’une arme à feu. Il est donc rapidement désarmé, et le conflit se règle, comme toujours dans Fast and Furious : en faisant la course.

Dérapages, accidents, coups de feu, Tokyo en flammes, mais que fait la police ? Rien. La police n’existe pas à Tokyo. Alors, après avoir bousillé la moitié de la ville, Hirohito junior arrive à récupérer sa meuf, tout en tuant le nouveau meilleur ami de Brandon. Brandon est-il en colère ? Triste ? Que nenni ! En fait, il est deg’, parce qu’il n’a plus de voiture, et doit rentrer en métro. Une motivation suffisante pour aller mettre un coup de pression à Hirohito senior, comme si Brandon n’avait pas assez de problèmes comme ça.

Mais là, gros rebondissement : Brandon accepte pour la première fois un compromis : une ultime course entre lui-même et Hirohito Junior, afin de savoir définitivement qui a la plus grosse (SPOILER : les Japonais ont une petite bite). Hirohito senior est d’accord, on ne sait pas trop pourquoi. Genre, un oyabun se couche, comme ça.

Brandon doit donc trouver une nouvelle voiture – depuis le début du film, ce pilote émérite en a crashé une dizaine. Comment faire, alors que la police (enfin, la police se mêle de tout ça !) a saisi toutes les bagnoles ? Mais c’est facile ! Tu prends un moteur encore intact d’une Nissan japonaise en miettes, tu le mets dans la carcasse à peu près potable d’une vieille Dodge américaine, et c’est bon, ça marche ! Ça change de ces foutues dosettes Senseo qui ne marchent qu’avec les machines à café Senseo, hein ! Anecdote : au début, la voiture drifte mal ; Brandon change une bougie d’allumage, et la voiture drifte bien. Fast and Furious 3 est donc aussi un vrai cours de mécanique pour ceux qui s’intéressent aux bagnoles.

Warriors, la partie va commencer... enfin, ce n’est pas sûr. Parce que le black s’inquiète pour Brandon. En effet, la course va prendre place sur une route de montagne, que seul Hirohito junior a réussi à gravir en voiture, et encore, c’était un jour ensoleillé, par temps dégagé. Ça fait peur… pourtant, je m’interroge. Cette route, il y a du goudron dessus, des barrières de sécurité, des bandes blanches de signalement sur le sol, des panneaux routiers… c’est une route que des milliers d’automobilistes empruntent chaque jour, non ? ALORS POURQUOI FDP TU ME RACONTES QU’UN SEUL MEC NE L’A JAMAIS GRAVI, HEIN ? Et ceux qui ont construit cette route, ils n’ont jamais été en haut ? Alors pourquoi la route est-elle achevée, hein ?

Ne me raconte pas n’importe quoi, gravir cette montagne, c’est comme de monter Paris Hilton, tout le monde en est capable, et beaucoup l’ont fait.

Ceci étant dit, la course peut commencer. Suspens (vraiment ?) Est-ce Brandon, digne représentant du monde libre qui peut boire du Coca Cola à volonté pour 1,95$ les deux litres qui va l’emporter, ou bien ces enculés de buveurs de saké de l’Unité 731 vont-ils s’en tirer une nouvelle fois ?

Peu importe. Fast and Furious 3 me frappe ici par son réalisme. Déjà, la course dure au moins 45 minutes – ou alors, j’ai trouvé le temps long. Les voitures gravissent la montagne avec des cordes et des piolets, la progression est intense. Et puis, le black peut voir la course en direct sur son téléphone portable… y’a un satellite qui filme la course en zoom x12000000 ou quoi ? Le Japon, 20 ans d’avance technologique. Enfin, les spectateurs qui étaient au départ de la course se retrouvent aussi au milieu du parcours, puis au sommet de la route. Bravo. Je n’ai même pas vu le téléporteur, le réalisateur est un génie pour avoir réussi à cacher une machine aussi grosse sur les différents plans.

À la fin – et je ne m’y attendais pas du tout ! – Brandon gagne. God Bless America. Et, ultime rebondissement, plus puissant encore que celui vers la fin du film Sixième Sens : Vin Diesel fait un caméo parce qu’il est de la famille à je sais plus qui, et bon voilà, on s’en branle. On voit Vin Diesel pendant dix secondes, et ça, ça éclipse tout le reste du film – au demeurant excellent, c’est surement le meilleur film qui prend place au Japon depuis… Tortues Ninja 3.
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le 2 déc. 2014

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