"La vie est simple, il faut faire des choix et ne pas regarder en arrière."

Quand je drift, j'oublie qui je suis et d'où je viens, j'oublie mon passé et mes problèmes pour ne plus faire qu'un avec mon automobile. J'empoigne mon levier de vitesse pour le tirer doucement, par petites secousses contrôlées jusqu'à ce que ma compagne mécanique à quatre roues se cabre en cadence et glisse sur un tapis de velours, de petits ahanements dociles s’échappant de ses turbines vibrantes.


Quand on a commencé par Fast V, le soft-reboot avec The Rock, c'est réellement perturbant de revenir aux origines de la série et de découvrir à quel point elle s'intéressait autrefois aux bagnoles et aux courses, avant de décider de briser toutes les lois de la physique et se transformer en orgie de phalanges et de tôle froissée.


Tokyo Drift aime le drift, vénère le drift, vit et respire le drift. Il lui lui fait passionnément l'amour, une courbe après l'autre. On a droit à des séquences surréalistes au ralenti où une bande détraqués s'en va drifter au clair de lune, avec une voix off pleine d'émotion qui nous explique la méditation par le drift et le caractère sacré de la montagne où nos ancêtres venaient faire drifter leurs carrioles en tirant bien fort sur les rennes.


o o o


Tokyo Drift n'est un bon film selon aucune définition de la chose. C'est un divertissement honnête pour fan de drift et de bolides racés, ou pour amateurs d'archéologie cinéphagique. Et puis j'aime bien Han, il a une bonne tête et un charme tranquille. C'est peut être le seul personnage de la série qui fait preuve de charisme sans en faire des tonnes pour avoir l'air cool.


J'aurais sûrement été beaucoup plus dur avec le film s'il était appelé “Detroit Drift”, car le cadre Japonais est clairement ce qui lui sort la tête de l'eau. Des plans sur Tokyo la nuit à ne plus savoir qu'en faire, des ramens, des petites Japonaises au cul plat, des Yakuzas très menaçants, une bande son... particulière : le charme de la capitale opère plein gaz et sauve les meubles.


Et des meubles, il y en avait quelques uns à sauver, à commencer par le héros con comme une chaise et sa copine / conquête / demoiselle en détresse qui fait tâpisserie.


Parlons quand même un peu plus de Lucas Black (le héros) avec sa tête d'abruti consanguin et son accent texan dont chaque réplique vient saper tout le potentiel dramatique du film. A 24 ans, il joue un ado de 18 ans qui en fait 30 et je comprends mieux pourquoi la série a mis 15 ans à se décider à le faire revenir le temps d'un caméo de trois minutes. Comparé à sa prestation, Paul Walker prend des allures de Lauréat aux Oscars. Quant à Nathalie Kelley, je vais rendre hommage à son importance dans le script et ne pas en parler davantage.


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L'histoire est assez crétine, mais c'est bien rythmé, avec son lot de rebondissements et de Yakuzas menaçants qui ne disent pas grand chose mais dont les regards en disent long. Et puis il y a Han qui se balade là dedans comme un touriste, mais regardez-le, on lui pardonnerait tout.


La réalisation est efficace et Justin Lin, qui commettra 4 autres épisodes après celui-là, sait filmer des bagnoles qui roulent vite et du booty en bikini. Et ça tombe bien, parce qu'on ne lui en demande pas plus.
Le schéma est ultra classique, avec un héros en difficulté qui rencontre un mentor, apprend des trucs, combat les vilains et chope la meuf. C'est un schéma encore plus banal que ce que feront les films suivants avec leurs enjeux planétaires sur fond de machinations internationales et de gadgets du futur, mais c'est une recette éprouvée.


Ca en fait un film popcorn assez correct sous réserve de le voir dans les bonnes dispositions et d'avoir une affection irraisonnée pour cette licence que j'ai encore du mal à défendre en soirée.

Ezhaac
6
Écrit par

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le 9 janv. 2022

Critique lue 33 fois

Ezhaac

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