Il était inévitable qu'après plus de vingt années de surenchère, la saga Fast & Furious commence à patiner quelque peu. Comment faire, en effet, pour surpasser un braquage de coffre en pleine rue, un largage de voitures par un avion, un combat avec un sous-marin, ou encore un carambolage de satellite dans l'espace ?
C'est l'exact problème de cet épisode X, qui semble avoir constamment le pied sur le frein, histoire de ne pas griller toutes ses cartouches alors que le grand final s'étalera sur deux, voire trois épisodes.
On vous dira sans doute que l'on en revient aux fondamentaux, sauf que non. Car hormis une véritable partie de flipper à Rome essayant de renouer avec le non-sens généreux qui caractérise la franchise et une incroyable explosion de barrage, on se surprend non pas à s'ennuyer, mais à piaffer d'impatience en vue de la prochaine scène d'action... Qui se révèle finalement extrêmement générique, voire interchangeable !
Un comble pour un Fast, voire une contre-performance qui devait bien arriver un jour ou l'autre.
Car Fast & Furious X ne s'envisage finalement que comme une énorme reprise de de quelques scènes épiques de la fameuse saga aux accents de réunion de famille terminale ne reculant jamais devant une incohérence pour faire en faire revenir certains, ou encore inventer des enfants ou des soeurs aux rares qui semblent définitivement tombés au champ d'honneur.
Même si revoir pour quelques épisodes encore ladite famille procure encore quelque plaisir, auquel sans doute beaucoup accoleront l'épithète "coupable", histoire de mettre à distance leur mauvais goût qui ne s'assume pas.
Car dans ce registre, difficile de faire la fine bouche devant le nouveau méchant, interprété par un Jason Momoa en roue libre, comme il l'était durant le Netflixien La Petite Némo et le Monde des Rêves. Décadent, flamboyant, ubuesque, jubilant comme un sale gosse dans un magasin de farces et attrapes, l'acteur explose toutes les limites pour voler le film à chacun de ses apparitions à l'écran. Et devenant le fil rouge le plus évident d'une narration éclatée qui ne semble plus savoir ou donner de la tête.
Et si le plaisir béta des explosions et des carambolages est encore une fois au rendez-vous, on se surprend, à la fin de la séance, à ne plus être ébahi par l'exubérance du spectacle proposé, qui sent un peu le réchauffé. Et qui ressemble à un Mission Impossible : Protocole Fantôme bourré. Tout comme on ne s'en fait plus trop pour Vin Diesel, devenu un increvable super-héros, ou encore pour son fils, qui n'a définitivement pas besoin de l'autocollant "Attention, bébé à bord" au cul de la voiture.
Mais on pourra pouffer de rire à l'idée d'un énième retour improbable, ainsi que de l'opportunisme cynique d'un acteur qui n'hésitait pourtant pas, à l'occasion de la promo d'une Jungle Cruise d'assez triste mémoire, à se foutre de la gueule de son collègue, ou encore à jurer que le futur de Fast & Furious s'écrirait désormais sans lui.
Le fait que sa franchise Black Adam ait bu le bouillon est bien sûr totalement étranger à une telle volte-face, venant confirmer l'adage selon lequel faute de grives, on bouffe des merles...
Ainsi qu'à tous les râteliers de l'industrie.
Behind_the_Mask, qui pense désormais à covoiturer.