Fast & Furious, représentant par excellence du cinéma beauf, revient avec un 10ème épisode qui, selon la confirmation de Vin Diesel en personne, ouvrirait ENFIN la voie à la fin de cette franchise où l'eau ne monte pas nécessairement à tous les étages. Là n'a jamais été le fer de lance de la saga vrombissante de jouer dans l'intellectuel mais toute personne n'ayant pas un QI à un chiffre a fini par ne plus du tout prendre au sérieux ce petit monde. Après tout, comment réutiliser toujours plus une licence fort limitée dans ses idées de départ si ce n'est en la versant dans un déluge de surenchère que même le jeu vidéo Burnout n'aurait pas osé. Honte à moi de continuer à la suivre mais elle ne résulte que du fameux attachement de jeunesse. Vous savez, cette petite flamme en vous qui vous a fait aimer des films de merde et que, même en sachant que c'est un étron, eh bien le sadomasochisme l'emporte sur le bon sens.
F10 reprend à la lettre tout le cahier de charges des précédents opus. On retrouve d'abord "la familia" avec toutes ces stars que nous suivons depuis plus ou moins longtemps. C'est peut-être ça qui fait un peu le charme de F&F finalement. Inutile de tous vous les citer vu que nous les connaissons par coeur. Roman met toujours aussi mal à l'aise avec son humour pas drôle. Dom commence à être trop vieux pour ces conneries. Letty voit la cellulite arriver et Jakob est devenu le gentil tonton qui veut se la jouer cool mais qui attriste plus qu'autre chose. Tonton d'ailleurs d'un mouflet insupportable dont l'on se fout ouvertement de l'issue qu'elle soit tragique ou heureuse (mais surtout tragique). Clairement, il est vraiment temps de raccrocher.
Bref, à ce casting, se rajoutent des musiques à gerber, que vous aimiez le rap, le hip-hop ou non. Tout veut suinter le "branché" et le placement de produits comme la Corona (la bière hein) ou la marque Alienware. Vous vous demandez pourquoi je n'ai pas parlé plus tôt des voitures. Je vous dirai que jamais le tuning n'a semblé aussi absent dans F&F que depuis... toujours en fait. On se bouffe des bagnoles à tour de bras mais la maîtrise et la customisation sont reléguées au second rang au profit de.... l'histoire. En fait, elles sont juste là pour rester 30 secondes à l'écran avant d'exploser, d'être broyées, jetées dans un fleuve quelconque ou un ravin. C'est surprenant en effet.
Mais cette histoire concrètement ? Elle répond à l'impératif initié depuis le 7ème épisode, c'est-à-dire un méchant encore plus dangereux. Et le dernier méchant en date (je spoil un peu mais vu ce qu'il y a à spoiler...) est le fils du baron Reyes tué dans le 5. On essaie toujours de creuser dans le passé pour ressortir une nouvelle figure pas gentille. Si je n'étais pas arrivé à la fin du 10, j'aurais cru que le futur nouveau méchant serait le grand cousin du fils de la concierge tuée en se mangeant un piquet à cause d'un Dom pourchassé qui passait par là. Ainsi, Dante (même dans le prénom sonne la surenchère) en veut à Dom et il compte bien tuer toute sa famille et surtout son fils. Ceux pour qui la profondeur scénaristique est une condition sine qua non sont priés de s'enfuir, le cul relié à une bouteille de protoxyde d'azote.
Tout le florilège est là pour initier un nouvel épisode des grands guignols. Les explosions se succèdent à tour de bras avec des cascades de Hot Wheels dont le poids ne dépasserait pas 5 kg. On dynamite Rome. On détruit un ou deux ponts. On écrabouille des escadrilles de membres des forces spéciales. Le tout avec des dialogues de mono-neurone et des discours à deux balles sur la famille et la foi. Mon chapeau à eux de réciter cela dans le plus grand sérieux s'ils n'ont pas une seule fois pouffer de rire en plein tournage. Et bien sûr notre grand méchant qui s'éclate comme un mioche à Disneyland. Sur ce point, difficile de ne pas avoir une certaine sympathie pour Jason Momoa, surtout quand il en fait voir des vertes et des pas mûres au gosse exécrable de Dom.
Cependant, F10 redescend d'un cran les ardeurs d'un F9 qui fumait complètement la moquette. Alors que l'on repoussait sans cesse le grand n'importe quoi, Leterrier calme un peu le jeu. Là est tout à son honneur surtout quand on voit la tronche de son palmarès.
En conclusion, rien d'autre à dire si ce n'est que nous attendons avec impatience 2025 pour voir jusqu'où ces scénaristes en roue libre iront pour clôturer (à tout jamais ?) la licence galvanisant le plus les passions.