YOU KILL MY SON, NOW I AM GOING TO KILL YOU, JUST AS I KILL YOUR FATHER
Ah, l'Irlande : ces jeunes désabusés en quête de rédemption, ces terrains vagues jonchés de carcasses de voitures digne d'un film post apocalyptique, ces moines adeptes en arts martiaux ... Fatal Deviation, c'est un peu tout ça, et encore plus.
Mais c'est avant tout le seul et l'unique film d'arts martiaux irlandais. Avec un ancien membre du groupe Boyzone. Ces deux phrases suffisent à attirer l'attention de l'amateur de nanar. On a néanmoins envie de se dire "Après tout pourquoi pas ? La baston vu par les irlandais, ça peut apporter des choses nouvelles, non ?". Le pitch du scénario a normalement vite fait de refroidir les attentes de l'amateur de combat (et d'éveiller celui du pèlerin des films idiots) : Jimmy Bennet est un jeune désabusé (mais super fort en kung fu), sortant de maison de correction, et désireux de retrouver un sens à sa vie dans sa ville ... son no man's land natal. Son père est mort dans des circonstances mystérieuses, et la mafia (?) locale semble s'intéresser à lui. Malheureusement, Jimmy tombe amoureux de la même femme que le fils du Parrain, et il va alors défier les multiples hommes de mains (bouseux) jusqu'à participer à un tournoi de bagarre organisé par le mystérieux culte des moines guerriers irlandais (les fameux moines guerriers amateurs de kung fu, si si).
Ne vous inquiétez pas, avec un tel scénario, tous les clichés y passent : flashbacks idiots, rebondissements prévisibles, méchants très bêtes et héros au grand cœur. Et en plus c'est mal joué. Le grand gagnant du prix "Nanar's studio" est évidemment l'acteur jouant Jimmy Bennet (et qui s'appelle James Bennet, wouhou, ou c'est peut être le contraire) : regard généralement vide, palette de deux expressions ("Beu ?" et "BEUARGH"), difficulté à articuler ses lignes, sur-jeu au moindre énervement ... On peut aussi mentionner l'acteur faisant le Parrain, dont le jeu pu l'amateurisme et le j'en foutisme à tendance "AU SECOURS SORTEZ MOI DE CE FILM" : le bêtisier à la fin du film le montre en train de lutter pour sortir une pauvre ligne de dialogue, preuve que même les autres (mauvais) acteurs ont remarqué son niveau sidéral. Finalement, alors que sa présence me semblait alléchante, l'ex membre de Boyzone est celui qui s'en sort le mieux (comme quoi ça sert de jouer dans des clips) car le reste du cast est tout aussi à la ramasse : la cruche sert à faire pot de fleur, les hommes de main sont très idiots, et le moine mentor/stalker semble avoir été ramassé dans une poubelle à l'occasion du film.
Mais bon, c'est un film de combat me direz vous, après tout, et le scénario et le jeu fluctuant des acteurs ne sont qu'un prétexte que pour des bonnes scènes de tatanes. Le problème, c'est que si l'acteur principal semble être un vrai bon athlète, ce n'est pas le cas (enfin j'espère) pour ses opposants. En plus, il est TRES mauvais chorégraphe. Les scènes de combats sont très mal filmées (mention au tournoi dans la cave et son filtre jaune radioactif) : les acteurs sont des amateurs, et ils voulaient probablement éviter de se faire mal, ce qui est compréhensible, mais ça devient vite risible quand on peut voir chaque étape d'une chorégraphie tant l'enchaînement des coups est lent. En plus de ça, les autres acteurs ne connaissant visiblement pas le noble art du kung fu, la majorité des combats ressemblent plus à des bastons de pochtrons (voir la scène du bar).
Bref, je critique, mais il n'empêche que si le film est horrible, il reste qu'il est très drôle à regarder, surtout que les acteurs semblent s'amuser dedans (je n'invente rien, le bêtisier plus les acteurs rigolant dans le fond d'un scène le prouve). Et rien que pour cette vision angoissante de l'Irlande post apocalyptique, le film mérite d'être vu : il nous permet de se préparer au destin qui attend notre société décadente.
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