Attention, ceci n'est pas une critique ordinaire !

Premier RPG pour beaucoup d'européens, ce septième opus est en général au centre de bien des débats enflammés. Les vieux de la veille se targueront toujours de connaitre la série depuis les premiers épisodes sur console 8 et 16 bits, et que le virage entamé par la série à partir de la Playstation a conduit les Final Fantasy dans les profondeurs de la médiocrité. Les jeunes loups rétorqueront que les papys n'ont pas su passer du noir et blanc à la couleur et que ce septième opus est le meilleur FF sorti à ce jour. Vous pouvez bien entendu réutiliser cette argumentation pour chaque nouvel épisode, veillez à me verser quelques sous pour le copyright.

Pour mon humble personne, je ne sais plus trop si FF7 est mon premier RPG à la japonaise. J'avais joué auparavant à Secret Of Mana, qui est plus un Action-RPG. De même, j'ai des souvenirs traumatisés des Chevaliers du Zodiaque sur NES, qui avait un espèce de système de combat au tour par tour complètement raté qui peut être assimilé à du RPG à la japonaise. Disons que FF7 est en tout cas le jeu de rôle nippon à m'avoir vraiment fait découvrir le genre, comme beaucoup d'européens à l'époque. De ce fait, la note n'est peut être pas entièrement objective, mais bon, on s'en tape un peu de ça.

Ce que pas mal de personnes retiennent de FF7, c'est généralement son histoire. Nous dirigeons Cloud, un mercenaire au service d'un groupe d'extrémistes écologistes nommé Avalanche. Ce groupe est opposé à la toute puissance Shinra, mega corporation sortie tout droit d'un bouquin de cyber-punk, accusée de détruire la planète en pompant le Mako, sorte de ressource super puissante. Bien entendu, le scénario évolue assez rapidement lors de l'apparition de Sephiroth, grand méchant lié au passé troublé de Cloud. Le jeu va alors évoluer vers une chasse à l'homme, votre groupe de héros tentant de stopper les sombres dessins de Sephiroth. Le scénario contient certains rebondissements et des morceaux de bravoure il faut le reconnaitre. Par contre, ça reste un scénario très typé manga japonais, donc attendez vous à des passages honteux ("j'utilise un dauphin pour sauter par dessus les grilles électrifiés"), des confrontations où le méchant peut vous tuer mais en fait non ("je te balance une matéria dans la tronche"), une scène de théatre, des triangles amoureux gnian gnian ... D'ailleurs si possible, mais vous risquez de vous gacher un peu l'ambiance, essayez de vous faire le jeu en VF. Cette dernière est tellement remplie de non sens, de fautes d'orthographe, de traductions littérales de l'anglais que ça en est hilarant. C'est ce qui se rapproche le plus d'un bon vieux nanar à la Eaux Sauvages avec son doublage surréaliste.

Les personnages sont plus ou moins sympathiques, toujours à l'extrême limite entre le cliché et l'archétype. Cloud, le héros autiste ténébreux avec un lourd passé, Aerith la cruche de service avec un grand pouvoir, Yuffie et son label Pedobear, Barret le bourrin un peu idiot ... Ne vous attendez pas à véritablement être surpris par une réaction des personnages, le tout est assez classique. Le scénario est quand même bon, mais il faut reconnaitre qu'outre les maladresses (que l'on retrouve encore dans plein de jeux de nos jours) d'écriture, le tout a un peu vieilli. Peut être parce que j'ai un peu grandi aussi. Mais cela peut prêter à débat selon votre sensibilité.

Par contre, les graphismes ne souffrent d'aucune divergence d'opinions. Au cas où vous lanceriez FF7 pour la première fois, préparez vous à rencontrer un choc générationnel, car oui, le jeu est moche. Très moche. Bref rappel historique : FF7 est sorti à l'époque charnière des premières consoles en 3D. Si sur PC on s'en sortait mieux (bien aidé par des fans sortant encore des patchs pour mettre à jour les graphismes), les jeux de cet ère sont en général horribles. Dans le cas de la PS1, à part des grosses cylindrés comme Vagrant Story ou Metal Gear Solid 1, la majorité des jeux ont des textures grossières, du clipping à l'arrache, etc ... On nageait en plein Dark Ages du graphisme de jeux vidéos, et FF7 ne déroge pas à la règle. Pourtant le jeu s'ouvre sur une cinématique (sublime à l'époque) qui vieillit plutôt bien. Un train arrive dans une ville cyber-punk, la musique monte en crescendo, on sent que le jeu va vraiment commencer, et là c'est le drame. Si les décors sont des plans fixes un peu maladroit mais relativement jolis, les personnages sont modélisés dans une espèce de 3D cubique SD immonde. Même à l'époque on trouvait ça moche c'est dire. C'est d'autant plus frustrant qu'en combat, si la modélisation reste affublé du sceau "3D PS1", les personnages sont plus réalistes et ressemblent à quelque chose. Gare au choc culturel donc.

A part ça, le système de combat est relativement classique pour du RPG japonais. Vous vous baladez dans différentes zones, des combats interviennent aléatoirement, vous "transportant" dans un écran de combat. Là, votre équipe et les ennemis s'affrontent dans un semi tour par tour. Je choisi d'attaquer, de lancer des magies, d'utiliser un objet, bref rien de vraiment original. Le système de progression des personnages est sympathique néanmoins. Outre les montées de niveau, les personnages peuvent s'équiper de "matérias", objet leur permettant de lancer de nouvelles magies, augmenter certaines capacités (plus de point de vie). Là où ça devient intéressant, c'est que certaines de ses matérias peuvent être combinées. Par exemple, si la matéria "soin" est reliée à la matéria "Tout", chaque sort de soin affectera toute l'équipe. De même, ces matérias influent sur les statistiques des personnages, baissant ou augmentant leur force, donnant des bonus à chaque montée de niveau. Ces bonus peuvent un peu rappeler ceux octroyés par les Espers dans FF6. Un système très simple à prendre en main mais avec de très grandes possibilités. Dans les points négatifs, on notera que les personnages ne sont pas très différents les un des autres, à part pour quelques attaques spéciales et autre.

Enfin, la musique, dont certains thèmes sont devenus cultes, souffre aussi du poids des ages. A cause d'un souci de place sur les CDs, Uematsu a été obligé de voir la qualité des sons utilisés à la baisse, et ça se sent : le son midi label Bontempi est dans la place, et il fait mal aux oreilles. Certains diront que ça va bien avec l'ambiance cyber-punk de l'univers, mais honnêtement, alors que les mélodies sont bonnes, et que j'adore généralement le chip tune, j'ai beaucoup de mal à écouter l'OST sans avoir les oreilles qui saignent. Un comble vu que FF6 passe par exemple comme une lettre à la poste. Même si les ré orchestrations sont souvent scolaires, on se tournera vers les albums arrangés pour une fois.

Malgré toutes ces critiques, FF7 a quand même beaucoup apporté à l'époque pour le monde console en terme de narration, et mise en forme d'un univers (c'est beaucoup moins vrai pour le PC). Et si le poids des ages est sans pitié, il reste néanmoins toujours relativement agréable à jouer. Au pire, ça vous fera toujours un peu de matière première pour troller les petits fan-boys amoureux d'Aerith ou les admirateurs de Sephiroth.
Silk
7
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le 16 déc. 2010

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Silk

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