Encore un film que j'aurais bien du mal à noter, mais qui m'aura procuré beaucoup de plaisir. Voilà en effet un magnifique ratage, hilarant dans sa propension à plagier / rendre hommage tout ce qui a pu se faire en 25 ans de giallo, que ce soit en termes de scénario, musique, mise en scène, éclairages... On reconnait tout, et tout est tellement grossier et vulgaire que ça en devient un vrai jeu de piste. Al Festa, spécialiste des clips ringards, n'a certes aucun talent de mise en scène, mais au moins il tente le bougre !
Les acteurs principaux (chemises et jeans plein à craquer, regards bovins et surtout chevelures longues dignes des plus beaux toiletteurs des années 90), dégagent quelque chose d'assez inédit : de l'anti-charisme. Quand à la "star" chanteuse, pour qui le film sert de véhicule promo (spoiler : ça n'a pas marché), c'est une vraie casserole, avec un accent anglais à couper au couteau, et dont la conception du glamour est, disons, bien à elle.
Seuls les seconds rôles assurent, en plus d'ajouter une touche hétéroclite complètement démente : Michael Warbeck, Linnea Quigley, Alida Valli, Donald Pleasance (qui a droit à un hommage direct à sa participation son rôle dans la saga Halloween), Ciccio Ingrassia, Angus Scrimm, et j'en passe !
Il faut toutefois noter que les meurtres, très brutaux, valent le coup d'œil. Les maquillages sont en effet signés par le talentueux Steve Johnson (compagnon de... Linnea Quigley). Et si les 2 heures et quelques peuvent faire un peu peur, force est de reconnaître que Fatal Frames est plein à craquer de scènes remarquables (pour le meilleur et pour le pire). Un grand merci à Al Festa, et aux multiples aléas de production qui ont saccagé les ambitions de cette production, pour cet avatar tardif très premier degré d'un genre déjà mort et enterré, et aux grands fous d'Oblivion d'avoir ressorti cette perle dans un joli Blu-Ray italien.