Le “Fatman” de Ian et Eshom Nelms n’est autre que le Père Noël !
L'indéboulonnable personnage débonnaire ayant déjà été interprété - ou plutôt parodié - par les vétérans Billy Bob Thornton et Kurt Russell pour les besoins des diptyques “Bad Santa” et “The Christmas Chronicles”, est ici incarné par un autre ancien et pas des moindres, puisqu’il s’agit de Mel Gibson. Celui-ci délaisse la longue barbe blanche et les fringues bling bling, contre une barbe mal taillée, un vieux bonnet et des sapes de redneck. Le mythe en prend un grand coup à travers sa hotte ! Mais tous ces détails vestimentaires ne seraient rien si la vie de notre Santa Claus international n'était mise à prix sous l’impulsion d’un sale gosse. En effet - déçu de ne pas avoir reçu le cadeau désiré - Billy Wenan, 12 ans, quadruple vainqueur du concours de sciences de son école - les réalisateurs nous le présente comme un sociopathe manipulateur en devenir - mandate un certain Jonathan “Skinny Man” Miller, un impitoyable tueur à gages pour assassiner le Père Noël. L’excellentissime Walton Goggins (“Justified”, “Les Huit Salopards”) prête ses traits à ce maniaque de la gâchette et du couteau sans état d'âme
et surtout épris de vengeance à l’encontre de l’iconique barbu
. Bien loin des délires phalliques de “Bad Santa” et des bons sentiments de “The Christmas Chronicles”, “Fatman” confronte la féerie autour de Noël, avec le cynisme inhérent à la dur réalité de la crise, lorsque Kris Kringle (Gibson) doit se résoudre à travailler avec l’armée s’il veut conserver les emplois de ses lutins. Dans une société sans repère dans laquelle la délinquance juvénile explose, les traditions se perdent car les enfants sages sont de moins en moins nombreux. Les projectiles fusent à l’encontre de l'attelage magique, le métier devient dangereux. C’est dans ce contexte difficile que Kris et sa femme Ruth (Marianne Jean-Baptiste) essaient tant bien que mal de subsister. Vendu comme une sorte de comédie policière décalée par une bande-annonce assez trompeuse - il est vrai que parfois, le récit peut laisser place à quelques traces d’un humour cinglant - “Fatman”, sous son vernis de satire sociale, va gentiment se muer en un road movie meurtrier, un thriller à la sauce western, s’achevant par un règlement de compte sanglant - digne de Sergio Léone ou encore de Sam Peckinpah - non pas à O.K.Corral, mais bel et bien sur les terres enneigées du Grand Nord !