Une dizaine d'années avant le Cirque de Chaplin, l'univers bigarré des forains avait déjà inspiré le cinéma, notamment dans ce court de deux bobines de Roscoe Aruckle dit Fatty.
Fatty, s'ennuie ferme avec sa dame. Lors d'un après-midi à la plage, il lui fausse compagnie pour s'acoquiner avec une jolie demoiselle qui passait par là. Il n'est pas le seul à la trouver à son goût. Bataille de mâles à l'horizon ... et quels mâles !
On retrouve dans la même bobine deux stars de leurs temps, d'un côté Arbuckle et sa bonhommie et de l'autre Buster Keaton qui est ici dans un rôle assez inhabituel, éloigné du clown triste. On passera sur cette intrigue légère voire légèrement concon et qui n'a pas grand intérêt hormis celui de servir de prétexte aux pitreries de nos deux compères. L'écriture n'a certainement pas la finesse de Chaplin dans son Cirque et les gags sont davantage téléphonés. Exit le romantisme prude du britannique et place à un ton jovial un tantinet misogyne. On sent donc bien que ce n'est pas le scénario qui sera le point fort du film. A la mise en scène en revanche, pas mal de choses intéressantes et quelques prouesses techniques, à l'image de cette scène dans laquelle un personnage est dans une barque sur un toboggan qui finit sa course à l'eau. La caméra est dans la barque en mode caméra subjective. On imagine la difficulté que pouvait représenter un tel plan avec les techniques d'alors. Quelques autres petites trouvailles ça et là émaillent le film et en font un spectacle agréable à défaut d'être mémorable. A interprétation, Arbuckle en fait trop et rappelle un Benny Hill qu'on aurait mélangé à un Jack Black. Keaton est, lui, parfait, comme d'hab'.
En bref, pas indispensable mais intéressant pour qui aime Keaton ou les bidouilles des bricoleurs des premiers temps.