Le mythe originel de Faust, anonyme, a eu le droit à tout un tas d'adaptations, littéraires ou cinématographiques, de même que des réintérprétations allant dans des sens très opposés. Ce fut le cas avec le comic book créé par le duo David Quinn/Tim Vigil, qui n'avait finalement plus grand chose à voir avec le personnage « folklorique », si ce n'est le marchandage de l'âme, puisque Faust ne cherche plus à connaître les mystères de la vie, mais tout bonnement venger sa petite amie tuée par des malfrats. Manque de bol pour lui, l'effet inattendu de ce pacte et qu'en contre-partie, Méphistophélès, ou plus simplement « M » dans cette adaptation, disposant de son âme, fait de lui son tueur personnel. Pour les amateurs de comics le lien, que ça soit au niveau de l'histoire comme de l'esthétique, est très rapidement fait avec Spawn. Cependant le plagiat vient bien du côté de Spawn puisque celui-ci a fait son apparition seulement 4 ans plus tard. Quoiqu'il en soit, ceci est un problème au niveau de la source, pas au niveau du film, car heureusement Faust ne s'inspire que peu de l'adaptation cinématographique qui avait été faite de Spawn. Ce dernier était tout public et décevait, du coup, son public, alors que ce Faust est un pied de nez à cette production, se permettant tout ce que le cinéma de Brian Yuzna a toujours permis, à savoir de la profusion de gore, mais aussi et malheureusement un côté cheap avec des effets-spéciaux virant parfois au ridicule et donnant l'impression que le film date de 90 et non de 2000 (pas un pet de CGI, tout est fait à l'ancienne avec du latex). C'est bien gentil de vouloir donner l'air cool à Faust en lui faisant arborer une belle cape rouge, mais ce qui rendait visuellement superbe dans Spawn a ici juste l'air con; comment ne pas rigoler en le voyant sautiller avec cet accessoire qui a l'air de le gêner plus qu'autre chose ? Cependant le rire est très vite coupé par l'étonnement, Faust transperçant un visage avec ses griffes avant de décapiter un type. Y'a pas à dire, on est bien chez Brian Yuzna, Mr Reanimator 2/3 et Le Retour des Morts-Vivants 3. En plus de cela Yuzna sait à quel public il s'adresse, un public qui veut que ça bourrine, et pas sur de la techno, mais du metal bien bourrin, ce qu'il nous sert rendant chacune des scènes d'éviscération encore plus jouissive que la précédente (notamment celle du métro, renvoyant d'ailleurs à Predator 2).

Malheureusement, bien que ces différents passages soient placés de façon à relancer l'intérêt global, toute la trame concernant M est insipide et ne sert finalement pas à grand chose, si ce n'est apporter une sous-trame alourdissant l'ensemble qui aurait mérité d'être bien plus linéaire. Etant donné que l'adaptation a été faite par le scénariste du comic book (David Quinn) tous les éléments ont été gardé, et il est fort probable que toute cette partie eut été plus intéressante à suivre au travers de ses différents volumes, or en l'état on a juste un léger plaisir à retrouver Andrew Divoff dans un rôle qui lui sied à merveille (malgré ses cheveux oxygénés qui ne l'avantagent pas). Il s'amuse à faire souffrir tout le monde (comme dans Wishmaster), notamment au travers d'une scène de modification corporelle renvoyant au premier Yuzna, Society, qui laissait entrevoir un futur Cronenberg (même si finalement ce ne fut pas vraiment le cas...). Au reste du casting on retrouve également Jeffrey Combs, un habitué de l'horreur ainsi que du réalisateur, venant assurer un fan-service bien mérité, Mark Frost, le héros de l'histoire, étant tout simplement une plaie totale, incapable de jouer autrement qu'en cabotinant de façon insupportable (on surfe souvent sur les sentiers de The Mask...).
Finalement ce Faust est un bon défouloire horrifique, avec tout le gore que l'on en attend. En revanche pour ce qui est d'une quelconque recherche de sens caché dans cette réintérprétation de Faust, passez votre chemin, mais ça vous vous en doutiez.
Le plus gros grief à l'encontre de ce Faust sera sa dernière partie, car si les trois quarts de la pellicule servent son public, le final lasse et ne laisse finalement que peu de place au personnage, le tout se centrant sur M, se prenant le bec avec ses sous-fifres et ranimant un immonde créature, mal foutue et un peu conne, car son arme principale est le pentagramme qu'elle a sur le front, mais qui est aussi son point faible, et lorsque l'on a un adversaire avec des griffes au bout des bras on évite de lui mettre devant la gueule.
SlashersHouse
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le 20 juin 2012

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