Un pacte faustien, voilà qui met toujours un peu de peps dans une tragédie classique. Mais quand c’est Yuzna qui s’y colle, il rajoute en prime tous les éléments qui font le charme de son cinéma de bisseux si particulier… Utilisant la sympathique trogne d’Andrew Divoff (inoubliable Wishmaster) pour incarner le boss final M, ainsi que celle du non moins sympathique Jeffrey Combs dans le rôle d’un inspecteur de police au destin inattendu, Brian se livre donc à une relecture très libre de Faust, en commençant par la retranscrire dans notre époque. Usant d’une narration par flash back (une partie où John est retenu dans un asile psychiatrique), le film dévoile bien vite son héros, qui possède décidément beaucoup de similitudes avec Spawn. Déjà dans le physique, son armure démoniaque et sa cape flottant au vent en deviennent immédiatement évocateurs. Mais là ou Brian se fait plaisir, c’est sur son arsenal, composé exclusivement de lames à la Wolverine… Un Wolverine gore, ça faisait si longtemps qu’on n’avait pas été gâté de la sorte… Depuis les Freddy en fait ! Plutôt que de renégocier l’âme de son aimée, Faust se lie donc avec M, et se met alors à écumer les rues de sa ville, en proie à des ivresses sanguinaires. Et les éléments tragiques suivant leur cours, il tombe évidemment amoureux d’une psychologue, pendant que s’écoulent les jours annonçant une éclipse propice à la venue de l’antéchrist… Hélas, malgré toutes ces bonnes intentions, le film échoue à de nombreux niveaux. Impossible de ne pas mentionner la bande originale, qui se révèle être un supplice pour toute personne possédant des goûts. Les éléments tragiques de l’histoire sont tous là, mais ils sont au mieux mal mis en scène, et au pire ridicules. Le meilleur exemple doit être le climax final, où Faust gesticule devant un monstre incrusté d’une laideur assez vomitive. L’ensemble du casting joue mal, avec en tête la compagne de M, une sorte de succube folle du cul avec un bonnet F de soutien gorge qui donne donc de la mamelle à voir, mais qui annihile à elle seule la moindre tentative de subtilité. Pourtant, son personnage manipulateur tentant toujours de plier les forces qui l’entourent à sa volonté aurait mérité un excellent développement. En l’état, on se contentera de mâter son string, ça sera toujours ça de pris. Les dialogues sont une véritable catastrophe, chaque punchline faisant un bide monumental. Ce n’est pas tant sur le fond que Faust est raté, c’est sur l’accumulation de scories qui rendent le tout finalement très indigeste. Reste un essai remarquablement audacieux pour la carrière de Yuzna (il a de plus grandes ambitions qu’avec Le retour des morts vivants 3), mais dont la facture un peu Z ruine totalement les tentatives. Une tragédie cinéphile, en somme, qui persiste à être attachante par quelques qualités appréciables (dont cette adaptation officieuse de Spawn).
Voracinéphile
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le 19 sept. 2013

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